« Pénaliser l'administration mais pas les patients ». C'est par cette formule que le Dr Philippe Cuq, coprésident du Bloc, principal syndicat de chirurgiens, a justifié la décision de mettre fin à la grève entamée en début de semaine. «Nous ne pouvons pas continuer notre mouvement (...) parce que, après cinq jours d'arrêt d'activité, ce mouvement nuit aux patients », ajoute ce médecin. En début de semaine, les évaluations réalisées par la professsion faisaient état d'un taux de fermeture des blocs opératoires de 75% dans les cliniques.
Mais pour autant, les instigateurs de ce large mouvement de protestation n'entendent pas cesser le combat. Le plan d'action présenté par Philippe Cuq prévoit d'engager un recours juridique contre l'accord signé en octobre sur les dépassements d'honoraires. Le Bloc, qui avait pris pour cible les mutuelles pendant la grève, souhaite également publier un guide sur les prestations des complémentaires. Enfin, le syndicat envisage un nouveau rassemblement en décembre.
Les chirurgiens reprennent donc le chemin des blocs opératoires sans avoir obtenu la moindre concession des pouvoirs publics. Certes, un prolongement de la grève aurait, par contrecoup, créé une situation d''encombrement, voire de saturation dans les hôpitaux.
Mais surtout, cette stratégie aurait conduit au pourrissement. A la différence des internes, la grève des spécialistes est impopulaire. Selon un sondage BVA réalisé pour les Echos, 35% seulement des personnes interrogées soutiennent la cause des médecins libéraux. Et 58% jugent que le texte sur les dépassements d'honoraires est un « bon accord ». En période de crise et avec une frange de plus en plus importante de la population qui éprouve des difficultés financières pour se soigner, la défense des dépassements d'honoraires ne fait que renforcer l'image de nantis des spécialistes. Sans soutien de leurs patients et contestant un accord pourtant approuvé par les représentants de la profession, les grèvistes n'avaient pas d'autre choix que de reprendre leurs activités.