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Le couple parental persiste

Annoncer notre divorce aux enfants

Par La rédaction

La tache est ardue. Et pourtant, il faut bien le faire… avec tact, avec les bons mots, au bon moment.

STORM/P.P.L. IMAGE/SIPA

Inutile de le nier, en cas de divorce, l’enfant ou la fratrie sont touchés et déstabilisés. Les repères habituels sont ébranlés, une faille vient fragiliser les fondations solides de la famille avec ses deux piliers, les parents ensemble.
L’enfant pensait que cela allait durer toujours, son monde est ancré dans l’éternité. 

Il « sait » déjà tout

Comme le disait Françoise Dolto : « Dans une maison, les enfants et les chats sont toujours au courant de tout ». Une crise conjugale qu’elle soit silencieuse ou explosive n’échappe jamais à l’enfant, il « sait » bien au fond de lui que ses parents vacillent, il attend donc le soulagement des mots et une véritable explication.
Celle-ci est d’autant plus nécessaire que, se considérant comme « le centre du monde », il s’estime le plus souvent responsable de la séparation de ses parents. Il n’a pas été gentil, il a été trop capricieux, il a eu de mauvaises notes, bref, il a instauré la mésentente dans le couple et obligé ses parents à prendre parti l’un contre l’autre pour le défendre ou le punir.

Qui, quand, comment, avec quels mots ?

Situation N°1 : la crise conjugale est sérieuse mais il n’est pas encore question de divorce . Le psychologue Harry Ifergan co-auteur de 6-12 ans, l’âge incertain (Hachette Littérature) recommande d’être simple, direct, authentique, en nommant les difficultés et en adoptant un langage adapté au niveau de compréhension de l’enfant. Par exemple : «  Papa et moi nous ne nous entendons plus du tout malgré tous nos efforts, tu as dû le remarquer. C’est difficile pour nous et pour toi, mais tu n’y es pour rien. Quoiqu’il arrive, nous t’aimons toujours ».

Situation N°2 : rien ne va plus, le divorce est à l’ordre du jour. Cette fois, il s’agit d’assurer l’avenir et d’ouvrir un horizon moins sombre. « Tu l’as peut-être deviné, mais nous allons nous séparer. C’est beaucoup mieux que d’être toujours tristes ensemble. Tu continueras de nous voir tous les deux ».
Après l’annonce, laissez l’enfant vous questionner. Vous serez surpris. Parfois, la question posée montre qu’il n’a pas compris tous les enjeux, parfois au contraire, qu’il savait déjà tout et qu’il est même soulagé. Il réclame aussi du concret : « Lui veut savoir s’il va devoir déménager, s’il changera d’école, s’il vivra toujours avec son chien, s’il pourra continuer le judo, où seront ses affaires, comment s’organisera sa vie, explique la psychologue Anne Bacus (Questions au psy, éditions Marabout) ». Préparez-vous à ces questions et insistez sur ce qui ne changera pas.

 Abusez de la routine

Plus que jamais, ancrez votre enfant dans tous ses autres repères habituels, la chambre à ranger, le foot, la danse ou la poterie. « Il n’y a rien de plus rassurant pour les enfants que de constater qu’il est toujours obligatoire de se laver les dents avant de se faire raconter une histoire au fond du lit, ajoute Anne Bacus ».

Pendant et juste après la séparation, impliquez grands-parents, parrain et marraine, baby-sitter habituelle, ils assureront une continuité entre les deux foyers.
N’hésitez pas à évoquer les amis de sa classe qui sont dans la même situation «  Tu vois bien, pour Théo, ça a été difficile au début, mais maintenant tout va bien, tout le monde est à nouveau heureux ».

Evitez les pièges

Continuez de dire NOUS, quand vous parlez de ce qui le concerne lui. Le couple conjugal est défait, pas le couple parental. Le mieux est l’ennemi du bien, ne dites pas «  tu verras, tu auras deux maisons, encore plus de cadeaux de noël et plein de nouveaux copains ». Ce serait une forme de déni. En agissant ainsi, vous masqueriez la blessure au lieu d’aider votre enfant à comprendre qu’il y a un deuil à accomplir.

Un long fleuve tranquille ?

Votre enfant est aussi capable d’un formidable appétit de vivre. Il avance, il grandit dans tous les sens du terme, physique et psychologique. Il « comprend » que la vie, c’est aussi ça, qu’on traverse des soucis, des moments heureux et d’autres moins heureux. Il voit bien qu’autour de lui, des copains sont comme lui, il constate que le cataclysme traversé par ses parents est maintenant suivi de moments plus calmes, plus doux, plus tendres et qu’une nouvelle vie est possible.
L’équilibre retrouvé offre la promesse de nouvelles joies et de nouveaux espoirs, y compris la recomposition d’une nouvelle famille. Ce travail sera d’autant plus facile à accomplir pour lui que ses parents ne se dévaloriseront pas mutuellement et continueront de se respecter malgré leur séparation.