Lancée à l’initiative de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et célébrée ce jeudi 28 avril, la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail a pour ambition de promouvoir la prévention des accidents et maladies professionnels dans le monde entier. Cette 13ème édition met en lumière le défi collectif que représente le stress au travail.
En France, le coût social du stress (dépenses de soins, celles liées à l’absentéisme, aux cessations d’activité et aux décès prématurés) a été estimé en 2007 entre 2 et 3 milliards d’euros (étude INRS et Arts et Métiers ParisTech). « Cette estimation se situe très vraisemblablement bien en deçà du coût réel », avertit en plus l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS).
Dans ce contexte déjà tendu, beaucoup s'inquiètent du projet de loi « El Khomri » qui menacerait la médecine du travail. Les salariés du tertiaire et de l'encradrement ne devraient en effet plus pouvoir en bénéficier. Et après les syndicats de médecins, c'est le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) qui fait part de son mécontentement.
Un métier dénaturé
Dans un communiqué publié mercredi, le CNOM se dit « inquiet » des orientations prises en matière de santé au travail par ce projet de réforme du droit du travail. « La disparition du lien entre le salarié et le médecin du travail à l’embauche et la réorientation des missions du médecin du travail vers l’évaluation de l’aptitude des salariés postulant à des postes à risques et des postes mettant en cause la sécurité des tiers dénaturent le métier de médecin du travail », écrit-il.
Dans une récente interview à Pourquoidocteur, le Dr Bernard Salengro, président du syndicat des médecins du travail, craignait notamment que ne soient plus diagnostiquées « les nouvelles maladies » du travail, tel que le burn-out, le harcèlement, les risques psycho sociaux, et les effets non encore reconnus de certains produits chimiques (nanomatériaux, pesticides, rayonnements, etc.).
Les propositions du CNOM
L'Ordre n'hésite pas à parler au sujet du projet de loi d'une « dérive vers une médecine de contrôle » qui « altère le lien indispensable à la confiance entre chaque salarié et son médecin du travail ».
Enfin, le Conseil rappelle qu'il mesure déjà au travers de ses travaux en matière de démographie médicale, le déclin du nombre de médecins du travail. Pour cette raison, il promeut, à l’inverse, « des solutions innovantes comme la mise en place du statut de collaborateur médecin et de la pluridisciplinarité ».
Le CNOM indique également avoir proposé aux parlementaires des amendements « permettant de rétablir la médecine du travail dans son cœur de métier : contribuer, dans une mission préventive, à préserver la santé de tous les salariés ». Voyons si la grève nationale organisée ce jeudi contre la loi El Khomri sera de nature a faire bouger les lignes du gouvernement.