« Le travail c‘est la santé. Ne rien faire c’est la conserver ». Cette célèbre chanson d’Henri Salvador, reprise par tous les adeptes du farniente, est contredite par une étude américaine publiée dans le Journal of Epidemiology and Community Health. Travailler après 65 ans pourrait allonger la vie, alors que partir en retraite tôt serait un facteur de risque de mortalité précoce, selon ces travaux publiés ce jeudi 28 avril, Journée mondiale de la sécurité et la santé au travail.
L’âge de départ à la retraite fait l’objet de débats, parfois féroces, dans de nombreux pays. En France, les réformes se multiplient depuis des années pour maintenir la pérennité de notre système. Pour bénéficier de leur retraite, les travailleurs sont donc amenés à travailler plus longtemps. Mais pour les chercheurs de l’université d’Etat de l’Oregon, reculer l’âge de départ en retraite n’est pas synonyme d’une moins bonne qualité de vie.
Le travail éloigne la mort
Pour parvenir à cette conclusion, l’équipe de recherche à examiner les données de santé de près de 3 000 retraités collectées en 1992 et 2010. Ces derniers ont été divisés en 2 groupes : les seniors en mauvaise santé ou se décrivant comme tel (un tiers de l’échantillon), et ceux qui se disaient ou étaient objectivement en bonne santé (les deux-tiers restants).
Au cours de la période étudiée, 12 % des seniors en bonne santé et un quart des retraités en mauvaise santé sont morts. Selon l’analyse des chercheurs, les travailleurs en bonne santé partis en retraite à 66 ans ont un risque de décès réduit de 11 % contre 9 % pour ceux en mauvaise santé. Les chercheurs suggèrent ainsi que travailler une année supplémentaire après 65 ans a un impact positif sur la mortalité, et ce quel que soit l’état de santé. « Ces résultats semblent montrer que les gens qui restent actifs en profitent », relève Robert Stawski, l’un des auteurs.
Encourager le temps partiel
Toutefois, les chercheurs reconnaissent que le lien entre travail et santé est encore source de questionnements. De fait, plus les gens vieillissent, plus leur santé physique et psychique décline, ce qui peut affecter leur capacité à travailler et leur longévité.
Dès lors, comment rester efficace à son poste tout en restant en bonne santé ? Choisir de travailler en temps partiel après 40 ans est l’une des solutions possibles, selon une étude australienne parue la semaine dernière. Ces travaux réalisés auprès de 6 500 personnes montrent que travailler 25 heures par semaine permet de maintenir une bonne fonction cognitive et cérébrale, alors que travailler plus de 40 heures entraîne une fatigue et un stress qui accélère le déclin cognitif. Finalement, Henri Salvador n’a peut-être pas si tord. « Les prisonniers du boulot, ne font pas de vieux os », chantonnait-il.