« J'appelle Valérie Pécresse, qui semble vouloir faire de la prévention une orientation forte, à ne pas renoncer à agir en direction des jeunes filles, des jeunes femmes », a déclaré Marisol Touraine ce jeudi matin sur France Inter. La ministre de la Santé qui s'est dit « préoccupée » par la suppression du Pass contraception en Île-de-France est même allée jusqu'à qualifier le signal de « désastreux ».
Dans cette histoire, la nouvelle présidente de la région Ile-de-France est accusée de s'attaquer au désormais célèbre « Pass Contraception », sorte de carnet composé de coupons détachables à destination des jeunes de moins de 20 ans, permettant l’accès anonyme et gratuit pendant un an à la pilule, aux consultations gynécologiques, au dépistage VIH… Lors du dernier conseil régional, le 7 avril, ce pass a été supprimé, a révélé le journal Marianne le mercredi 13 avril. La raison ? Un dispositif trop cher et peu sollicité.
Une coquille vide selon Valérie Pécresse
Le budget consacré à ce pass en Ile-de-France par l'équipe du socialiste Jean-Paul Huchon s’est élevé à 20 000 euros en 2014 comme en 2015. « Pour 500 lycées publics, ça fait 40 euros par lycée, soit 4 centimes par lycéen », a calculé Valérie Pécresse, en dénonçant un faible recours parmi les jeunes pendant la « mandature socialiste ».
Ainsi, le carnet n’a été distribué qu’à 2000 personnes, au total, dans la région francilienne. « Ces 20 000 euros étaient inscrits au budget mais pas dépensés. Il y a un double langage : celui qu’on tient dans les hémicycles et dans les médias (…) et il y a la réalité des discours et des actions », a encore taclé la nouvelle présidente. Et d'après elle, ces deux dernières années, aucun Pass contraception n'a été distribué. De facto, le dispositif n'existerait plus depuis deux ans, selon spn équipe. « Croire qu'on supprime quelque chose qui bénéficie aux lycéens, c'est la grosse manip de la gauche » peste donc l'entourage de Valérie Pécresse, d'après France Inter.
Un dispositif pas assez connu
Pas de quoi se réjouir néanmoins, car au-delà du symbole et malgré une faible utilisation, le Pass contraception compte parmi les solutions qui réduisent les coûts liés à la contraception et promeuvent la santé sexuelle, comme le montre un rapport IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales) d’avril 2015 consacré à « l'accès gratuit et confidentiel à la contraception pour les mineures ».
Le rapport pointe de fait le manque d’efficience du dispositif, qui ne « permet pas aujourd’hui de toucher la totalité des mineures, et ce d’autant moins qu’il reste peu connu du grand public ».
Pour autant, loin de préconiser une suppression, le document souligne le manque d’information et de publicité autour du dispositif. C’est peut-être à ce niveau-là qu’il aurait fallu agir – mais la politique a parfois ses raisons que la raison ignore…