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Conflits d'intérêts : le Sénat saisit la justice contre le Pr Aubier

Par Stéphany Gardier

Le Sénat n’a pas goûté les trous de mémoire du Pr Michel Aubier. Après la révélation par Libération et Le Canard enchaîné des liens d’intérêts entre le pneumologue et Total, la chambre haute du Parlement a décidé de saisir la justice, et c’est une première, souligne Le Monde.

 

Le 16 avril 2015, le Pr Michel Aubier, pneumologue à l’hôpital Bichat, était entendu par la commission d’enquête sur le coût de la pollution atmosphérique. C’est initialement Martin Hirsch, directeur de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui devait s’y rendre, mais il avait demandé à Michel Aubier de le remplacer, relate Le Figaro. Il faut dire que depuis plusieurs années, le Pr Aubier était considéré comme un expert de la pollution ; il s’était d’ailleurs exprimé à de nombreuses reprises dans les médias sur le sujet.

Comme il est de coutume en pareilles circonstances, avant de s’exprimer devant la commission sénatoriale, le médecin a été interrogé sur ses éventuels conflits d’intérêts. « Je n’ai aucun lien d’intérêt avec les acteurs économiques », aurait-il alors répondu.
On sait maintenant que Michel Aubier était rémunéré de longue date par la société pétrolière Total, et qu’il fait même partie du conseil d’administration depuis 2009. Le médecin a depuis expliqué qu’il n’avait pas déclaré ces liens, car ils ne constituaient pas selon lui une source de conflits d’intérêts. Il a ainsi justifié que ses activités au sein du groupe Total n’étaient en rien reliées aux thématiques sur lesquelles il était par ailleurs consulté en tant qu’expert. « Je n’ai jamais rien fait pour eux concernant la pollution. Je m’occupais de politique de santé, notamment avec le H1N1 ou Ebola », a-t-il expliqué au Figaro.

 

Des explications qui n’auront pas suffi à convaincre le Sénat. La décision a donc été prise à l’unanimité par les parlementaires, ce jeudi, de porter l’affaire devant la justice. « On ne ment pas devant une commission d’enquête sénatoriale, c’est un moment solennel.Ce doit être un exemple pour ceux qui viendront témoigner dans le futur », a commenté le président du Sénat, Gérard Larcher, après la séance. Le Pr Aubier risque pour ce faux témoignage jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende.