Le plastique, c’est fantastique ! Lorsqu’Elmer Food Beat le chantait, le groupe ne se doutait peut-être pas à quel point son hymne serait repris. L’industrie pornographie ferait bien de s’en inspirer. Car elle sert d’exemple aux hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes. Lorsqu’elle met en avant le port du préservatif, ils suivent le modèle, explique une étude parue dans PLOS One.
Le latex se fait rare
Le mode de recrutement des 265 volontaires est quelque peu surprenant puisqu’ils ont été contactés via une annonce postée sur Craigslist, l’équivalent américain du Bon Coin, et sur Facebook. Les chercheurs ont retenu les hommes de plus de 18 ans qui avaient des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et qui avaient regardé des films pornos au cours du dernier trimestre. S’est ensuivi un échange honnête sur leur consommation de cinématographie X et de latex. Et il s’agissait bien de prévention des infections sexuellement transmissibles, et non de fantasmes divers.
Lorsqu’il s’agit de regarder un film interdit aux moins de 18 ans, le préservatif est laissé de côté dans l’immense majorité des cas (92 %). De manière très franche, un sondé sur deux a admis que ce mauvais exemple avait aidé la prise de risque et donnait envie de rechercher un partenaire sexuel par la suite.
Le modèle du hard
Les conditions dans lesquelles se déroule le rapport sexuel dépendent fortement de la filmographie que favorise le volontaire. En effet, celui qui regarde des films X où le préservatif est utilisé de manière explicite a plus souvent des rapports anaux protégés. « Même ceux qui regardent de la pornographie de manière compulsive n’étaient pas plus à risque », souligne Eric Schrimshaw, co-auteur de l’étude. A l’inverse, consommer beaucoup de films où le latex est absent démultiplie les comportements à risque.
Pour les auteurs, la conclusion est simple : l’industrie porno doit assumer ce rôle de modèle y compris sur les sujets qui fâchent et généraliser le recours au préservatif. Dans les faits, c’est un peu plus compliqué. Côté prévention, les producteurs américains de films X ont bien fait un geste : chaque hardeur doit réaliser un dépistage avant le tournage.
Mais l’adoption à Los Angeles (Californie, Etats-Unis) puis dans tout l’Etat californien d’une loi obligeant au port du bout de latex a fait fuir la production vers les frontières voisines. La France, elle, a pris une voie de traverse : le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) interdit toute diffusion télévisée si le caoutchouc n’est pas visible. Il a beau être tout doux, cela n’est pas suffisant pour convaincre, n’en déplaise à Elmer Food Beat.