Dans un rapport publié le 28 avril, en marge de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, l’Organisation internationale du travail (OIT) dresse un bilan plutôt inquiétant du stress en milieu professionnel. De 20 à 25 % des salariés sont concernés, soit 40 millions de personnes à l'échelle européenne. « La mondialisation et le progrès technologique entraînent des transformations du travail et des modalités d'emploi, qui alimentent parfois ce stress », explique le directeur général de l'OIT, Guy Ryder. « De forts taux de chômage, notamment en l'absence de mesures de protection sociale adéquates, peuvent également avoir des répercussions sur la santé mentale des travailleurs ».
Un risque difficile à intégrer
Une véritable urgence de santé : les études citées par l'OIT montrent en effet que l'exposition à un stress élevé augmente le risque de troubles psychologiques comme l’épuisement, l’anxiété, la dépression ou encore le burnout. Mais aussi physiques, notamment au niveau musculo-squelettique. Sans oublier un nombre important de suicides, qui sont chaque année imputables au stress au travail. Mais le défi reste de taille, en particulier lorsque l'OIT souligne que 40 % des managers européens considèrent le risque psychosocial plus difficile à intégrer, par rapport aux autres problématiques « traditionnelles ».
La prévention, source d'efficience
Et pourtant, le manque d'attention porté à la qualité de l'environnement coûte très cher : 617 milliards d'euros par an en Europe, répartis entre les problèmes d’absentéisme (272 milliards d’euros), la perte de productivité (242 milliards d’euros) ; les frais de santé (63 milliards d’euros) ; et les allocations pour inaptitudes (39 milliards d’euros). La prévention dans ce contexte est donc très efficiente, comme le montre une étude réalisée au sein de la police néerlandaise. Un programme de prise en charge des risques psychosociaux, d'un coût de 3 millions d'euros, a permis de faire baisser l’absentéisme de 3 % en quatre ans, soit une économie de près de 40 millions d’euros.
Beaucoup reste à faire, mais l'OIT se félicite toutefois des progrès encourageants accomplis ces dernières années. « Le phénomène est maintenant mieux connu et, dans la plupart des pays, les décideurs, les partenaires sociaux et les réseaux professionnels participent de plus en plus à la conception de lois, de politiques, de stratégies et d'outils destinés à évaluer et à gérer le stress lié au travail », note Guy Ryder.