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Souffrance au travail

Bore-out : un salarié porte plainte pour "mise au placard"

Par Ambre Amias

Un ancien salarié accuse son ancienne entreprise de l’avoir volontairement mis au placard, ce qui l’aurait plongé dans un état dépressif grave.

pix5/Jeanette.Dietl

L’ennui. Les tribunaux français examinent ce lundi un cas de « bore-out », terminologie qui désigne l’épuisement professionnel lié à l’absence d’activité, à la « placardisation ». Un mal aux causes opposées au « burn-out », mais aux effets paradoxalement similaires.

Un salarié français assigne ainsi son entreprise aux prud’hommes de Paris. L’homme de 44 ans a été licencié en septembre 2014 après un arrêt maladie de sept mois. Il travaillait depuis huit ans au sein de l'entreprise française Interparfums, spécialisée dans la licence de parfums de luxe.

« Cauchemar »

Frédéric Desnard était responsable des services généraux où il s'occupait des tâches logistiques et administratives. Selon lui, l’entreprise l’aurait mis au placard à la « suite de la perte d'un gros contrat pour l'entreprise et d'une restructuration à venir », explique-t-il à l’AFP. Il dit avoir été brusquement ostracisé, perdant toutes ses attributions, n'ayant « plus aucune tâche » à exécuter, ses « amis » devenant « ses ennemis ».

L’ancien salarié évoque sa « mise au placard » comme une « descente aux enfers insidieuse, un cauchemar », qui serait à l’origine de « graves problèmes de santé : épilepsie, ulcère, troubles du sommeil, grave dépression ». « J'ai déprimé, j'avais honte d'être payé à ne rien faire (…). Le plus terrible, c'est la négation de cette souffrance ».

Pour son avocat, la mise au placard s’est déroulée de manière intentionnelle de la part de son ex-employeur, qui aurait voulu pousser son salarié à la démission, afin de ne pas avoir à lui verser d’indemnités de licenciement.

« Diffamation »

La défense, elle, rejette cette version et entend en démontrer les « incohérences » et « l'absence de preuves ». Elle rappelle que l’homme a été condamné en 2015 pour « diffamation », la justice évoquant une « animosité personnelle de sa part envers la société ».

L'avocat d’Interparfums s'étonne par ailleurs que le plaignant ne se soit « jamais manifesté, ni par courriel, ni par courrier, auprès de l'entreprise pour faire part de son mal-être ». Selon lui, il aurait même « changé d'argumentaire au fil du temps, parlant d'abord de burn-out, épuisement professionnel par suractivité, puis à partir de 2015 seulement, de bore out ».

Selon l’AFP, les cas de « bore-out » portés devant la justice seraient assez fréquents. La Cour de cassation aurait ainsi rendu près de 250 arrêts liés à des mises au placard ou des cas de « déshérence professionnelle intentionnelle », considérées comme une forme de harcèlement moral.