Le glyphosate, la France n’en veut pas. Un sondage mené par Ifop pour l’ONG Générations Futures révèle que 69 % des Français sont opposés au renouvellement de l’autorisation du glyphosate, actuellement en débat au niveau européen.
L’enquête a été menée sur 1014 personnes. Sur l’échantillon, seuls 23 % des répondants se montrent favorables à une ré-autorisation de la substance, présente notamment dans le Round Up de Monsanto. Au contraire, 43 % sont « tout-à-fait opposés » à une ré-homologation.
« Cette majorité écrasante en défaveur de cette homologation doit être entendue par le gouvernement français, qui doit peser de tout son poids à Bruxelles pour que le glyphosate ne soit pas ré-autorisé », insiste Générations Futures dans un communiqué. Un message reçu par la ministre de l’Environnement, qui s’est empressée de rappeler la position de la France sur les réseaux sociaux.
En réponse à Générations futures, je confirme que la France s'opposera le18 mai au renouvellement du Glyphosate, substance cancérigène.
— Ségolène Royal (@RoyalSegolene) May 2, 2016
« Tromperie aggravée »
Par ailleurs, Générations Futures a annoncé qu’elle porterait plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « tromperie aggravée ». L’ONG, comme bon nombre de scientifiques spécialistes de la question, remet en cause les résultats de l’étude commandée par l’EFSA (European Food Safety Authority), qui conclut à une absence de toxicité cancérogène du glyphosate.
Cette évaluation a été menée par le BfR, l'institut fédéral allemand d’évaluation des risques en matière sanitaire, équivalent de notre Anses. Elle s’oppose directement à celle du CIRC (Centre international de recherches sur le cancer), émanation de l’OMS, qui classe le glyphosate parmi les substances « probablement cancérogènes ».
Générations Futures a soulevé un certain nombre d’irrégularités dans l’analyse du BfR, qu’elle entend porter devant les tribunaux. Selon l’ONG, la méthodologie retenue « ne respecte pas les orientations de l’OCDE ». Par ailleurs, le document aurait omis « la totalité des études épidémiologiques montrant un impact pour les groupes de personnes exposées au glyphosate. Pire encore, l’EFSA s’est même permis de déformer les conclusions d’une étude épidémiologique ! »
La plainte sera déposée avant que l’Europe ne prenne sa décision sur la ré-homologation du glyphosate, soit le 18 et 19 mai, précise encore l’ONG.