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Justice

L'hôpital de Valenciennes soigne les détenus par télémédecine

Par Caroline Delavault

 Le Centre Hospitalier de Valenciennes vient de lancer l’accès au soins des détenus par la télémédecine. L’objectif : faciliter la prise en charge des prisonniers.  

Epictura/Sudok1

Les transferts, les escortes policières, les problèmes de sécurité, la présence constante de force de l’ordre dans les chambres… Prendre en charge un détenu à l’hôpital relève d'un défi constant. Pour y remédier, le Centre Hospitalier de Valenciennes élargit son accès aux soins par  la télémédecine pour les détenus de la Maison d’arrêt de Valenciennes.
Son objectif : permettre aux prisonniers de prendre contact avec un médecin à distance, sans avoir à se déplacer. Ces consultations sont déjà proposées aux détenus de l’Etablissement Pénitentiaire pour Mineurs (EPM), dans la ville de Quiévrechain. 

 

Depuis 1994, la prise en charge médicale des détenus ne revient plus au service pénitentiaire mais aux hôpitaux publics. Une charge conséquente pour les établissements de santé, confrontés à une population carcérale importante, mais en légère baisse ces dernières années - chiffrée à 0,2 %. Au 1er janvier 2016, 76 601 personnes sont sous les verrous (Ministère de la Justice). 70 % des détenus enregistrés à leur arrivé en détention ne présentent aucune pathologie.

 

Faciliter la prise en charge

Très souvent, « L’état de santé des patients détenus nécessite l’avis d’un spécialiste », explique dans son communiqué le Centre hospitalier (CH) de Valenciennes. Sans occulter le fait qu’un détenu vit souvent très mal son arrivée, sous escorte, à l’hôpital. ».
La télémédecine parait donc être l’alternative gagnante pour répondre à ces problématiques. Et son concept est simple. Accompagné par le médecin du centre pénitentiaire, le détenu prend contact avec le spécialiste. Ce dernier guide l’examen à distance, donne son avis, oriente le médecin présent sur place sur les soins à pratiquer, et peut même poser son diagnostic.
Une technique peu coûteuse et surtout rapide. Comme l’explique le Dr Nabil El Baki, l’un des porteurs du projet et anesthésiste au CH de Valenciennes à pourquoidocteur, la télémédecine peut également palier le manque de spécialiste dans la région. « Cela facilite la prise en charge des détenus. Un neurologue de Valenciennes peut examiner un patient détenu de Lens par exemple ». 

 

Reconsidérer le patient détenu 

La télémédecine permet de reconsidérer la prise en charge de ces patients. « Pour les détenus comme pour le personnel médical, les procédures de sécurité entraînent une gène souligne le Dr Nabil El Baki, Considérer le patient détenu comme un patient ordinaire devient compliqué ». Mais avec la consultation à distance, « on ne voit pas quelqu’un de menotté, on a un patient accompagné d’un médecin et d’une infirmière et pas de policiers, confie le médecin. Avec cela, on se retrouve dans les conditions classiques d’une consultation. » conclut-il. 

 

Les détenus pourront bénéficier de consultations pour toute spécialité médicale, exceptée en psychiatrie. Des consultations en cardiologie, pneumonie, neurologie ou encore en traumatologie leur seront proposées. Reste à trouver une source de financement. Le ministère de la justice, de la santé et de l’intérieur sont sollicités.