Le numéro spécial de The Lancet consacré au système de santé français a été dévoilé lundi soir au ministère de la Santé. Une auto-célébration de notre modèle orchestrée par le gouvernement et le Président de la République.
En effet, il n'a échappé à personne que dans un édito, François Hollande, en personne, se targuait d’avoir placé la France à la pointe du combat mondial pour le droit universel à la santé.
Mais derrière cette belle opération de communication, la réalité est tout autre, dénoncent ce mercredi les associations Act-Up Paris, AIDES, Coalition PLUS. Et la plume devient acerbe : « Disons le franchement : le quinquennat de François Hollande aura surtout brillé par une inaction constante face aux épidémies mondiales qui continuent de tuer », écrivent-elles dans un communiqué.
Plus en détails, ces militants gardent en travers de la gorge l'affaire du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, « une institution internationale qui mutualise les contributions des pays riches pour financer les traitements des malades dans les pays pauvres ».
A son mérite, il a sauvé 2 17 millions de vies, permis de soigner de la tuberculose plus de 13 millions de malades, et de mettre sous traitement plus de 8 millions de personnes vivant avec le VIH. « Mais il reste tragiquement sous-financé. Résultat, moins de la moitié des malades bénéficient d’un traitement dans le monde », déplorent-ils.
Moins bien que Sarkozy
Face à cette situation, François Hollande n'aurait rien fait. Les trois associations reprochent au Président de n'avoir jamais cherché à augmenter la contribution de la France au Fonds mondial. Et elles soulignent au passage que son prédécesseur, lui, l’avait fait. « En 2010, le Président Sarkozy l’a augmentée de 20 %. Cette augmentation de la part française a permis au Fonds mondial de soigner près de 370 000 malades du sida supplémentaires entre 2011 et 20134 ».
« Nous le redisons au chef de l'Etat : un mécanisme financier existe pour trouver des ressources nécessaires sans plomber le budget de la France : la taxe sur les transactions financières, qui génère déjà 1 milliard d’euros par an en France et dont la version européenne, en préparation à Bruxelles, devrait générer 36 milliards d’euros par an selon la Commission », ajoutent-ils.
7 milliards pour éradiquer le VIH
Enfin, alors que le président Hollande se réjouit de constater que « les nouvelles infections à VIH ont diminué de 30 % », les associations font, elles, remarquer que les avancées réalisées depuis 15 ans contre l’épidémie du sida peuvent être réduites à néant si la communauté internationale ne se mobilise pas.
« L’ONU l’a clairement exposé : sans financements supplémentaires, les nouvelles infections au VIH repartiront à la hausse et le sida fera encore plus de morts. Il manque aujourd'hui 7 milliards de dollars par an au niveau mondial pour éradiquer l'épidémie par une mise sous traitement généralisée des malades (un malade sous traitement ne transmet plus le virus, ce qui bloque la chaîne des transmissions). 7 milliards de dollars, c’est moins de 0,01 % du PIB mondial », concluent-ils.