Fatigue, fièvre, maux de tête, douleurs musculaires. La liste des symptômes de Zika ressemble de très près à celle d’autres virus véhiculés par le moustique : la dengue et le chikungunya. Ils présentent aussi la particularité d’être présents en Amérique latine, continent presque entièrement touché par une épidémie de Zika. Un dispositif pourrait faciliter la tâche des médecins qui tentent de distinguer les différents patients. Mis au point par l’université de Toronto (Canada) et le Massachussetts Institute of Technology (Etats-Unis), son fonctionnement est décrit dans la revue Cell.
Stockage à température ambiante
Le test de dépistage s’appuie sur une technologie mise au point lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest. Ses créateurs en ont repris le principe et l’ont adapté au virus Zika. « En quelques semaines, nous avons développé et validé une plateforme de diagnostic du virus Zika relativement rapide et peu coûteuse », explique James Collins, directeur de l’équipe de recherche. De fait, il ne devrait pas coûter plus d’un dollar par patient. « Nous disposons d’un système qui peut être distribué largement et utilisé sur le terrain à bas coût et avec peu de ressources », estime James Collins.
Il faut dire que les matériaux utilisés sont peu coûteux : le cœur du dispositif s’appuie sur du papier. Un réseau de gènes synthétique est créé et incorporé à des disques de papier. Ces gènes sont capables de détecter une séquence génétique donnée, ce qui provoque un changement de couleur du papier. Jusqu’à 24 séquences d’ARN du virus peuvent être détectées.
L’intérêt de cette approche, c’est que le test peut être stocké à température ambiante puis lu avec un dispositif électronique. L’appareil interprète les variations de couleur du papier non visibles à l’œil nu. En effet, les composants extraits des cellules vivantes sont lyophilisés pour le test. Ce n’est qu’une fois réhydratés qu’ils reprennent leur fonctionnement habituel.
De nombreux cas asymptomatiques
Les chercheurs ont aussi accru la capacité de détection du test, en incorporant une étape qui augmente la quantité d’ARN viral avant de l’exposer au capteur. Chez le singe, cette technique a permis de repérer Zika à de très faibles concentrations.
L’approche est si fine qu’elle permet de différencier les virus de Zika et de la dengue. Comme le précise Lee Gehrke, « l’un des principaux problèmes, sur le terrain, réside dans le fait de distinguer ce dont souffrent les patients dans ces zones où plusieurs virus circulent. » A ce jour, les tests vérifient les anticorps, ou recherchent le génome viral, sans être capable de parvenir à ce niveau de distinction.
Reste maintenant un problème majeur : en Amérique latine, 70 à 80 % des personnes contaminées par Zika ne développent aucun symptôme de l’infection. Dans ces conditions, difficile d’organiser un dépistage efficace.