Ces évènements, rares à haut niveau, sont toujours aussi choquants. Le footballeur camerounais Patrick Ekeng, 26 ans, est décédé vendredi soir à la suite d’un malaise cardiaque survenu en plein match de championnat de Roumanie, quelques minutes après son entrée en jeu.
L’ancien joueur du Mans (2009-2013)n’avait, à priori, pas d’antécédents cardiaques connus. Après seulement sept minutes jouées sur la pelouse dans un match qui opposait son équipe, le Dinamo Bucarest, à Viitorul Constanta, il s’est écroulé seul, sans aucun contact avec un autre joueur. Transporté en urgence dans un hôpital de Bucarest, le milieu de terrain a succombé à sa crise cardiaque, malgré une heure et demie de tentatives de réanimation.
« Je n'arrive pas à y croire. C'est un cauchemar. Pour moi, pour l'équipe et pour tous les supporteurs du Dinamo. C'est trop », a réagi Ionel Danciulescu, directeur général du club. Les réactions du milieu du football ne se sont pas fait attendre, et de nombreux joueurs ont exprimé leurs condoléances par l’intermédiaire des réseaux sociaux
Pas un événement isolé
L’événement est rare, mais pas totalement isolé. Il n’est pas sans rappeler le décès en 2003 d’un autre footballeur camerounais, Marc-Vivien Foe, sur la pelouse du stade Gerland de Lyon lors de la demi-finale de la coupe des Confédérations. Alors que les Lions indomptables du Cameroun affrontaient l’équipe de Colombie, le milieu défensif s’était écroulé dans le rond central, en direct à la télévision. Il était décédé 30 minutes après son admission à l’hôpital, à l’âge de 28 ans.
Assez régulièrement, des décès similaires sont recensés chez les footballeurs professionnels. Dernier en date, Grégory Mertens, est mort le 30 avril 2015, trois jours après un match du championnat belge au cours duquel il avait été victime d’un arrêt cardiaque. Il avait 24 ans.
1 000 morts par an en France
Car ce qui choque au delà de la brutalité de ces accidents, c’est la jeunesse de leurs victimes, qui sont sportives et pour lesquelles les examens médicaux n’avaient rien relevé d’inquiétant. Et elles sont nombreuses. « En France, chaque année, environ 1000 morts subites surviennent pendant ou dans l’heure qui suit une activité sportive. Seules 15 à 20 concernent des sportifs de haut niveau, tous les autres sont des amateurs », souligne le cardiologue Xavier Jouven, qui dirige le centre d’expertise sur la mort subite de l’adulte.
Les morts subites touchent les hommes dans leur immense majorité (95 %), et en priorité les footballeurs, les cyclistes et les coureurs. Tous ne sont pas aussi jeunes – la moyenne d’âge est d’environ 45 ans – et des examens médicaux poussés auraient peut-être pu prévoir un risque pour une partie d’entre eux.
Prévention et défibrillateurs
Pour tenter de prévenir ces décès, l’Académie de Médecine a demandé, dans un rapport de 2012, que tout décès sur un terrain de sport soit suivi d’une autopsie systématique. « C’est fondamental pour la prévention, expliquait alors le cardiologue Xavier Jouven. Pour le moment, on est très démunis pour identifier précocement les personnes à risque ».
Depuis quelques années, de nombreuses salles de sport se sont équipées d’un défibrillateur cardiaque pour faire face aux premiers secours en cas d’arrêt cardiaque. A moyen terme, leur installation, assortie d’une formation à son utilisation, pourrait être rendue obligatoire.