Pourquoi perd-on l'appétit lorsqu'on est malade? Cette question taraude nombreux d'entre nous. La réponse : une molécule du système immunitaire interfère avec les zones du cerveau responsable de la régulation de l'appétit. Dans une étude réalisée par l’Institut de recherche Scripps (IRST) aux Etats-Unis, et publiée dans la revue scientifique The Journal of Neuroscience, des chercheurs ont découvert comment une molécule activée par le système immunitaire réduit l’appétit des malades. Cette molécule, appelée interleukine 18, détournerait un circuit du cerveau, altérant l’envie de manger.
Une baisse associée à un risque de cachexie
Comme le rappel l'étude, une baisse, voire une perte totale, d’appétit conduit souvent les patients a ressentir une plus grande fatigue, et une fragilité face à la maladie. « Le traitement de la perte d’appétit ne guérit pas une maladie sous-jacente, mais cela pourrait aider un patient à faire face, précise dans un communiqué l’auteur principal de l’étude, le Pr Bruno Conti. De nombreuses fois, la perte d’appétit peut compromettre les résultats cliniques. Un individu faible est moins susceptible d’être en mesure de faire face à la chimiothérapie, par exemple. ».
Comme il explique, le Pr Walter Francesconi, auteur de l’étude, a lui-même fait l’expérience de cette perte d’appétit. Alors qu’il était malade et hospitalisé pendant une vingtaine de jour, dans un état relativement grave, il mangeait moins. Face à cette perte d’appétit, son état ne s’est pas arrangé, et il a perdu près de 10kg. « Quand je suis rentré, j’étais si faible que je ne pouvais plus marcher », confie-t-il.
A l’instar du médecin, beaucoup de malades retrouvent leur appétit lorsqu’ils guérissent. Cependant, chez les patients atteints du sida ou d’un cancer, la perte d’appétit peut tourner au drame, provoquant une cachexie, communément appelée « la deuxième maladie » par les médecins. Elle entraîne un affaiblissement profond de l’organisme, caractérisé par une grande fatigue, une perte de poids et une atrophie musculaire.
L’interleukine interfère avec des zones du cerveau
Les auteurs de l'étude ont cherché à comprendre comment l'interleukine 18 agissait sur le cerveau. Grâce à des enregistrements électrophysiologiques, réalisés sur des souris, ils ont pu mettre en évidence un effet de la molécule sur une zone cérébrale particulière : le noyau de la strie terminale. Celui-ci est connue pour être impliquée dans les réactions de stress et de l'anxiété. L'étude a montré que l'interleukine 18 modifie dans cette région la sécrétion de GABA, un neurotransmetteur qui régule l'appétit. « L’interleukine 18 régule l’alimentation en bloquant directement les mécanismes du circuit neuronal », explique le Pr Bruno Conti. Les chercheurs ont observé que les souris qui avaient reçu une injection d’interleukine mangeaient beaucoup moins que les autre souris.
Selon les chercheurs, cette découverte pourra ré-orienter les traitements des patients mais également de soulever la possibilité d’intervenir dans la réduction de l’obésité chez les malades souffrant de troubles métaboliques.