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Etude menée en France

E-cigarette : une porte de sortie du tabac chez les ados

Par Bruno Martrette

Au sommet de la vape, Paris Sans Tabac apporte des données 2016 qui évoquent, que loin d'être une porte d'entrée du tabagisme, l'e-cigarette en est un concurrent chez les ados.

1er sommet de la vape organisé le 9 mai 2016 au CNAM de Paris - Martrette/Pourquoidocteur/TDR

Les chiffres étaient attendus depuis longtemps. Pour le 1er sommet de la vape, organisé ce lundi à Paris, le Pr Betrand Dautzenberg, président de l'association Paris Sans Tabac, a apporté des données 2016 qui évoquent, que loin d'être une porte d'entrée du tabagisme, l'e-cigarette est un concurrent du tabac chez les adolescents français. 

Les enquêtes annuelles, conduites depuis 1991 sur des élèves des collèges et lycées de Paris, sont en effet sans appel. Celles menées de 2014 à 2016 par exemple sur l'expérimentation de l'e-cigarette montrent que le taux s'est stabilisé durant cette période à 24 % chez les non-fumeurs, 80 % chez les fumeurs occasionnels, et 91 % chez les fumeurs quotidiens.
De plus, la grande majorité des adolescents qui ont essayé l'e-cigarette ne l'utilisent pas régulièrement. Et ce taux diminue, passant de 30 % en 2013 à 18 % en 2016.

Des e-liquides souvent sans nicotine 

Pour expliquer ces chiffres, peut-être faut-il aller chercher du côté des e-liquides utilisés par les jeunes français. Les non-fumeurs ne sont ainsi que 36 % à utiliser des e-liquides avec nicotine et les fumeurs occasionnels 19 %. Au final, seuls les fumeurs quotidiens utilisent majoritairement des liquides nicotinés (77 %). Mais ils contiennent majoritairement moins de 1% de nicotine. « Dans ces conditions, l'initiation d'une dépendance nicotinique reste possible, mais le risque est réduit », estime le Pr Bertrand Dautzenberg.

Baisse "inattendue" du tabagisme chez les ados

Enfin, dernière bonne nouvelle pour ce pneumologue, la baisse « inattendue » du tabagisme depuis l'apparition de l'e-cigarette chez les adolescents. Entre 2013 et 2016, le taux de fumeurs (exclusifs ou non) chez les 12-15 ans est passé de 15,5 % à 7,1 % alors que le taux de vapotage, au cours du « mois dernier » reste stable (4,1 % à 3,9 %).
De même, chez les 16-19 ans, le taux de fumeurs  (exclusifs ou non) baisse de 39,5 % à 29 % alors que le taux de vapotage, dans le mois, reste stable (8,3 % à 9,2 %). « Aucun autre changement important (que l'arrivée de l'e-cigarette : ndlr) n'explique la cassure du taux de tabagisme chez les jeunes depuis 2012 », tranche le Pr Dautzenberg.

Ecoutez...
Pr Bertrand Dautzenberg, président de Paris Sans Tabac : « La e-cigarette est un produit qui diminue le tabac chez les adolescents. Il faut l'interdire pour les moins de 18 ans tout en restant prudent sur les condamnations. Laissons faire un petit peu... »

 

Des résultats identiques au Royaume-Uni

Il ajoute, par ailleurs, que des études publiées aux Etats-Unis et au Royaume-Uni ne sont pas en contradiction avec ce phénomène qui avait été évoqué en 2014. « Il est bien entendu préférable de n'avoir aucune consommation ni de tabac, ni d'e-cigarette, mais en terme d'initiation du tabagisme comme en terme de sortie du tabagisme, l'utilisation de cette dernière constitue une réduction des risques, qui doit être encouragée, même si elle doit être surveillée et encadrée », conclut le spécialiste.