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Mis au point aux Etats-Unis

Opérer des intestins : le robot fait aussi bien que le chirurgien

Par Audrey Vaugrente

Le robot chirurgien STAR a réalisé une opération en totale autonomie sur des intestins de porc. Ses résultats sont aussi bons que ceux de cinq chirurgiens experts.

Capture d'écran de la vidéo Youtube

« Une machine à coudre raffinée ». C’est avec ces mots que Simon Leonard décrit son robot chirurgien. Ce chercheur de l’université Johns-Hopkins (Baltimore, Maryland, Etats-Unis) et cinq de ses collègues ont mis au point une machine qui suture aussi bien qu’un vrai chirurgien. Pour la première fois, leur robot baptisé STAR a été capable de pratiquer une intervention plus complexe sur des tissus mous. Les résultats sont parus ce 4 mai dans la revue Science Translational Medicine.

Des marqueurs fluorescents

Quatre ans de travail ont été nécessaires à l’équipe avant de mettre au point un robot suffisamment délicat pour travailler sur des tissus mous. Jusqu’ici, les interventions étaient pratiquées sur des zones plus dures, telles que l’os. La mobilité des vaisseaux sanguins ou des intestins a rendu le travail plus complexe, car les mouvements ne sont pas prévisibles.

STAR (Smart Tissue Autonomous Robot) est équipé d’un bras robotique. Il se guide avec une imagerie en trois dimensions et de marqueurs fluorescents. Les tests, réalisés sur des intestins de cochons, se sont avérés probants.


Cinq chirurgiens ont mesuré leur dextérité face au robot mis au point à l’université Johns-Hopkins, sur deux opérations : des sutures et la connexion de deux segments d’intestin. Certains ont pratiqué l’intervention en ouvrant le corps, d’autres l’ont réalisée par laparoscopie. Les troisièmes se sont aidés du robot Da Vinci, guidé par le chirurgien grâce à une console.

Pas de complication majeure

Plusieurs critères ont été définis pour évaluer la qualité du travail du robot STAR : l’espacement des sutures, mais aussi les erreurs qui ont nécessité le redémarrage du robot et la durée de l’intervention.

Sous supervision, le robot STAR s’avère être aussi efficace, voire plus, que les chirurgiens. Sa seule faille réside dans le temps nécessaire pour pratiquer l’opération : 35 à 57 minutes, contre 8 en chirurgie ouverte. Mais les interventions réalisées chez des animaux vivants n’ont pas entraîné de complication majeure.

Selon les auteurs, le recours à ces robots pourrait, à l’avenir, réduire les complications et améliorer la sécurité des opérations sur tissus mous.
Aux yeux de Megan Frisk, rédactrice en chef de Science Translational Medicine, cette première réussite représente « une nouvelle ère dans la chirurgie robotique » d’un domaine allant de l’intervention sur les tumeurs à la reconstruction des voies respiratoires.