Pour répondre aux exigences des consommateurs et dynamiser la demande, les trafiquants de drogues ont adopté des techniques commerciales dignes d'entreprises professionnelles. L'objectif, créer et distribuer des produits plus attractifs, à l’apparence plus « clean ». Dans ce contexte, le nombre de Nouveaux Produits de Synthèse (NPS), gamme de substances reproduisant les effets de produits illicites (cannabis, amphétamine, cocaïne, ecstasy ...), reste particulièrement élevé malgré un recul en 2015.
La dernière synthèse thématique de l’Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies (OFDT) recense à ce jour 222 substances ayant circulé au moins une fois en France depuis l’apparition des premières molécules. Et dans un communiqué publié ce mardi, l'A.N.P.A.A (1) indique que l’OFDT compte plus de 450 NPS en Europe qui permettent de contourner le cadre légal.
En effet, comme leur composition chimique n’a pas encore été intégrée aux listes de produits interdits par les Etats, y compris en France, beaucoup d'entre elles sont de fait légales. Les principaux NPS répertoriés sont par exemple les phénéthylamines et cathinones. Il s'agit de molécules similaires à celle de l’amphétamine ou de la MDMA. Parmi celles-ci, la méphédrone (4-MMC), appelée « sels de bain » est la première à être connue. La MDPV est la substance la plus liée à des conséquences sanitaires : de manière directe ou indirecte elle est liée à 108 décès).
Des prix entre 8 et 20 euros
On trouve aussi beaucoup de cannabinoïdes synthétiques. Ils produisent des effets similaires au cannabis lorsqu’ils sont fumés. Ce sont des agonistes des récepteurs au THC ayant une affinité pouvant être 2 à 200 fois supérieure à celle du THC lui-même. 130 cannabinoïdes synthétiques sont recensés en Europe, dont 34 en France. Les plus connus d'entre eux étaient vendus sous le nom de « Spice » (« Gold », « Silver »).
Enfin, la méthoxétamine (MXE) reste elle aussi très retrouvée. Ses effets se rapprochent de ceux liés à la kétamine mais de façon plus durable et puissante. C’est un produit présent en milieu festif mais à l’origine de fréquentes complications (malaises, troubles psychiques ou psychiatriques…). « Malgré son classement en France en août 2013 puis en Europe en septembre 2014, l'intérêt pour cette substance ainsi que sa disponibilité semble perdurer », déplore l'OFDT.
Pour comprendre l'essor de ces drogues illicites, l' A.N.P.A.A note que les NPS sont majoritairement commercialisés sur Internet. Un acte familier du consommateur des temps modernes, qui se détache radicalement de l’acquisition de produits sous le manteau, dans la rue. Les prix s’échelonnent entre 8 et 20 euros le gramme, selon les sites dont le nombre explose.
L’OFDT distingue plusieurs profils de consommateurs : « ceux proches de l’espace festif gay, les "connaisseurs", les jeunes adultes et un jeune public consommant de la drogue occasionnellement ». « Le plan gouvernemental de lutte contre les drogues et conduites addictives 2013-2017 prévoit une meilleure identification des NPS », conclut l'association.
(1) L'Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie