Ces chiffres rassureront peut-être les parents inquiets. Lors du 1er sommet de la vape, organisé ce lundi dans la capitale, Paris Sans Tabac a apporté des données 2016 qui évoquent, que loin d'être une porte d'entrée du tabagisme, l'e-cigarette est un concurrent du tabac chez les adolescents français. C'est ce qui ressort en effet des enquêtes annuelles de l'association conduites depuis 1991 sur des élèves des collèges et lycées de Paris. Explications avec le Pr Betrand Dautzenberg, coordinateur des études.
Que montrent les données récoltées ?
Pr Bertrand Dautzenberg : Elles montrent tout d'abord qu'il y a eu entre 2012 et 2014 une montée rapide, explosive, de l'expérimentation du vapotage, aussi bien chez les jeunes non-fumeurs que fumeurs. En 2014 par exemple, 90 % des adolescents fumeurs quotidiens l'avaient expérimenté. Nous étions inquiets. Mais cette augmentation "massive" du vapotage atteint désormais un plateau. Nous voilà donc rassurés car le taux s'est stabilisé chez les jeunes depuis trois ans (2014, 2015, 2016) où nous avons les mêmes chiffres de 24 % chez les non-fumeurs, 80 % chez les fumeurs occasionnels, et 91 % chez les fumeurs quotidiens.
Ces jeunes vapoteurs sont-ils accros à la nicotine ?
Pr Bertrand Dautzenberg : C'est l'autre bonne nouvelle, la plupart des jeunes Français ne prennent pas de nicotine dans leurs e-liquides. Chez les non-fumeurs, on est à 64 % sans nicotine. La deuxième bonne nouvelle, c'est que seuls 25 % des expérimentateurs se mettent à l'utiliser "un peu régulièrement" alors que pour le tabac on est à 50 %.
Enfin, la colossale bonne nouvelle, c'est la baisse "inattendue" du tabagisme depuis l'apparition de l'e-cigarette chez les adolescents. Entre 2013 et 2016, le taux de fumeurs (exclusifs ou non) chez les 12-15 ans est passé de 15,5 % à 7,1 % alors que le taux de vapotage, au cours du "mois dernier" reste stable (4,1 % à 3,9 %).
De même, chez les 16-19 ans, le taux de fumeurs (exclusifs ou non) baisse de 39,5 % à 29 % alors que le taux de vapotage, dans le mois, reste stable (8,3 % à 9,2 %).
Quelles conclusions tirez-vous de ces données ?
Pr Bertrand Dautzenberg : La e-cigarette apparaît comme un produit concurrent du tabac. Ce n'est pas une porte d'entrée dans le tabagisme et elle fait en plus diminuer le tabac chez les jeunes. Ces données françaises ne sont pas en contradiction avec celles publiées dans des études américaines ou britanniques.
Ma conclusion est qu'il est bien entendu préférable de n'avoir aucune consommation ni de tabac, ni d'e-cigarette, mais en terme d'initiation du tabagisme comme en terme de sortie du tabagisme, l'utilisation de cette dernière constitue une réduction des risques, qui doit être encouragée, même si elle doit être surveillée et encadrée.
Retrouvez l'émission "L'invité santé" avec Jacques Le Houezec, tabacologue (diffusée le 21 avril2016)