Lors d’une réunion exceptionnelle organisée le 4 janvier 2016 suite au suicide du Pr Jean-Louis Megnien, cardiologue qui s'est défenestré sur son lieu de travail à l'Hôpital Européen Georges-Pompidou (Paris), le directoire de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) avait adopté un plan d’action pour prévenir et traiter plus efficacement les situations complexes entre les personnels médicaux.
Un groupe de travail avait ensuite été mis en place par Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, pour approfondir la déclinaison opérationnelle de ce plan d’action, qui comprenait 13 points. Tous visaient à mettre fin au trop grand nombre « de situations de conflits interpersonnels qui s’enveniment à l’hôpital et nuisent durablement à la qualité des soins et à la qualité de vie au travail ». Ce mardi, les propositions finales ont été présentées aux médecins de la Commission Médicale d’Etablissement (CME) de l’AP-HP. Elles ont toutes été adoptées à l'unanimité des voix. De quoi mettre fin aux rivalités et aux tensions au sein des services ?
Mieux entourer les nomination des chefs
Dans son volet prévention, le plan comprend 7 mesures qui comportent, à chaque fois, des procédures très détaillées. Parmi les objectifs on trouve notamment la meilleure prise en compte des compétences managériales avant d’investir des praticiens de responsabilité. "Il faut que les médecins qui ont des compétences médicales et scientifiques incontestées mais peu d’aptitudes managériales puissent avoir une reconnaissance autre que celle d’accéder à des responsabilités faite pour eux", précise le document.
Il est également préconisé de mettre en place des procédures d’évaluation régulières « de la dimension managériale d’une unité ».
La nomination des chefs de service est au coeur du dispositif. Le dispositif demande ainsi de les entourer de « davantage de garanties d’objectivité, en se réinterrogeant sur les procédures d’appel à candidatures et les critères de sélection ».
Il est également prévu de renforcer la médecine de travail : les médecins y ont peu recours et sont souvent moins bien suivis que d’autres. Le plan demande de faire en sorte que les praticiens puissent être vus, une fois par an ou une fois tous les deux ans, systématiquement par une visite médicale. « Au-delà des difficultés qui peuvent être liées à un conflit, mieux protéger les médecins du burn-out ou de leur mise en danger dans le cadre professionnel ».
Des chartes pour mieux travailler ensemble
S'agissant du second volet du plan, consacré à la détection et de traitement des situations conflictuelles, il détaille 6 priorités. L'AP-HP devrait ainsi mettre en place un dispositif d’identification des situations à risque au sein de chaque groupe hospitalier et favoriser les déclarations selon des procédures protectrices pour les personnes. Il est stipulé que les interventions doivent pouvoir être déclenchées « plus précocement et plus systématiquement ».
Le plan souligne par ailleurs qu'en l’absence de médiation locale ou centrale satisfaisante il doit être possible de faire appel à une médiation externe à l’AP-HP.
Point important, l'administration veut « garantir que ces interventions soient suivies de décisions », et demande pour cela d'identifier les obstacles (statutaires, juridiques, organisationnels) qui empêchent de mettre en place ces décisions. Il faudrait ainsi « faire en sorte que le refus d’un individu ne puisse faire obstacle à une solution conforme à l’intérêt général ».
Pour rappel, une enquête judiciaire a été ouverte à l'Hôpital Européen Georges-Pompidou (HEGP) pour faire la lumière sur les circonstances entourant le suicide du Pr Megnien. Le cardiologue faisait l’objet, selon ses accusations, de harcèlement moral de la part de sa hiérarchie.