Anquetil, Gonfray, Ingouf, Quetel… Ces noms de famille répandus en Normandie ont pour origine des noms Vikings. Mais à quel point les habitants de la région française descendent-ils réellement des navigateurs scandinaves ? « Un peu, peut-être, ou peut-être pas, qui sait… », aurait-on tendance à dire dans le coin.
Pour savoir, mieux vaut donc s’appuyer sur les recherches d’une équipe de l’université de Leicester, qui a lancé le « Viking DNA Project », une grande étude génétique à l’échelle européenne, qui s’intéresse à la descendance du peuple mythique. Les chercheurs ont en particulier scanné des Normands dont les noms de famille sonnaient Viking.
Des marqueurs de l’Europe du Nord chez 60 %
Avec l’aide du Centre de Recherches Archéologiques et Historiques Anciennes et Médiévales de l’université de Caen Basse-Normandie, 89 échantillons d’ADN ont été récoltés chez ces habitants normands aux noms vikings, dont les grands parents sont nés et on vécus dans un rayon de 50 km autour de leur demeure actuelle. Deux marqueurs ont été recherchés sur le chromosome Y, qui se transmet de père en fils : l’haplogroupe R1b et l’haplogroupe l1.
Le premier est répandu en Europe du Nord, et pourrait provenir de populations nomades de la mer Noire qui se sont déplacées il y a plusieurs milliers d’années. Parmi les Normands testés, 52 en étaient porteurs, soit plus de la moitié. Malheureusement, la présence du marqueur n’établit pas de lien direct, mais R1b est susceptible d’avoir été importé par les Vikings lors de leur conquête du Xe siècle.
Origines vikings et… orientales ?
En revanche, le deuxième marqueur l1 est plus révélateur, car c’est une variation très présente chez presque la moitié des Scandinaves. Il a été retrouvé chez 11 Normands. « Lorsque nous examinons les empreintes de l’haplogroupe l1, certains chromosomes Y normands montrent une affinité avec les Germaniques, tandis que d’autres révèlent une affinité avec les Scandinaves, explique Richard Jones, chercheur à l’université de Leicester. Mais il est très tentant de considérer l1 comme une marque laissée par les Vikings en Normandie, car il s’y trouve présent approximativement dans les mêmes proportions que celles observées chez d’autres populations ayant un historique viking connu ».
La réponse aux interrogations des chercheurs se résume donc à la maxime normande : « p’tet ben qu’oui, p’tet ben qu’non ». Plutôt oui quand même, d’après les chercheurs.
Et de manière amusante, d’autres marqueurs ont été retrouvés. Ils provenaient cette fois de populations qui paraissent plus incongrues pour cette région : Sicile, Europe de l’Est, et même Moyen-Orient ! Si la Sicile et le sud de l’Italie ont, à un moment de l’histoire, constitué des terres de l’empire normand, les origines orientales pourraient remonter au temps des croisades. « La connaissance de l’histoire génétique de la Normandie n’en est qu’à ses débuts ! », se réjouit Richard Jones.