La demande des internautes a été entendue. Quelques 256 000 personnes ont signé la pétition lancée par Mélanie Doerflinger. Tous réclament plus de transparence sur la composition des produits d’hygiène féminine – tampons, serviettes hygiéniques, protège-slips. Les ministres de la Consommation et de la Santé en ont pris acte : elles soutiennent clairement les inquiétudes des consommatrices, dans une lettre adressée à Vytenis Andriukaitis, Commissaire européen chargé de la Santé et de la Sécurité alimentaire.
Des traces de pesticides
La lettre ne s’en cache pas, elle fait écho aux sollicitations des consommatrices. A leur tête, Mélanie Doerflinger, l’étudiante qui a lancé en juin 2015 la pétition réclamant plus de transparence sur les étiquetages des serviettes hygiéniques et tampons. Son inquiétude s’appuyait alors sur le cas de Lauren Wasser, amputée à cause d’un syndrome du choc toxique provoqué par son tampon.
Depuis, les raisons de s’inquiéter se sont multipliées. Notamment lorsqu’en octobre 2015 puis en février 2016, des traces de pesticides ont été retrouvées dans les produits d’hygiène féminine. Mais rien sur les emballages ne fait mention de ces produits.
Une préoccupation « légitime »
La raison de ce manque de transparence est ubuesque : tampons, serviettes hygiéniques et protège-slips relèvent de la législation du papier. Ils n’ont donc aucune obligation en la matière. « La préoccupation des consommatrices nous paraît légitime d’autant plus que ces articles sont en contact direct avec la peau et les muqueuses alors qu’a contrario, d’autres produits, en contact avec la peau et les muqueuses, relèvent d’une réglementation leur fixant des exigences en termes d’utilisation de certaines substances et d’information sur leur composition », écrivent Marisol Touraine, ministre de la Santé, et Martine Pinville, secrétaire d’Etat à la Consommation.
Les deux signataires demandent qu’une réflexion à l’échelle européenne soit engagée. L’objectif : rassurer les consommatrices, mais aussi « garantir un niveau de sécurité sanitaire ». En cela, Martine Pinville s’est déjà engagée puisqu’elle a réuni, en mars 2016, les fabricants, obtenu l’engagement de plus de transparence et lancé deux enquêtes.
« La suite dépend de la réponse du commissaire européen en charge de la Santé, conclut Mélanie Doerflinger, contactée par Pourquoidocteur. J’espère vraiment que la réponse sera positive et que l’Union européenne prendra des mesures pour que cette situation cesse. »