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Avec la FAO

Cancer : l'OMS disculpe le glyphosate

Par Anne-Laure Lebrun

Des experts de l'OMS et de la FAO considèrent que le glyphosate ne présente pas de risques cancérogènes pour l'homme par l'exposition alimentaire.

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Le glyphosate est-il cancérigène ou inoffensif ? Sur cette question, personne ne semble d’accord. Alors que la Commission européenne doit se prononcer le 18 et 19 mai prochains sur le renouvellement de l’autorisation de l’herbicide, une nouvelle étude publiée ce lundi minimise les dangers du célèbre Roundup. Un avis controversé qui révolte les ONG et associations de défense de l’environnement.

Menés par des experts de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé, ces travaux concluent que « le glyphosate ingéré par l’alimentation ne présente pas de risques cancérigène pour l’homme ». Cette expertise issue des réunions conjointes FAO/OMS sur les résidus de pesticides (JMPR) arrive aux mêmes conclusions en ce qui concerne les insecticides diazinon et malathion.

Ce nouvel avis en faveur du glyphosate s’ajoute à celui de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Elle aussi avait jugé le risque cancérogène « improbable » en octobre dernier. Pourtant, quelques mois auparavant, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), l’agence de l’OMS chargée d’identifier les causes du cancer, avait classé le glyphosate comme « cancérogène probable » pour l’homme. Contacté par Pourquoidocteur, le CIRC déclare n’avoir aucun commentaire à faire sur une évaluation du JMPR, et ajoute qu’aucun des 17 scientifiques ayant réalisé cette étude n’est disponible cette semaine pour cause de conseil d’administration.


Le poids écrasant du lobby

Mais comment des experts scientifiques peuvent-ils arriver à des conclusions si contradictoires ? Pour François Veillerette, directeur de l’association Générations Futures, l’une des explications tient dans la méthode. « Le CIRC s’est appuyé sur un millier d’études révisées par des pairs et publiées dans des revues scientifiques, alors que l’EFSA a utilisé des études menées par des firmes qui n’ont jamais été publiées », explique-t-il.

Du côté du groupe JMPR, aucune référence bibliographique n’est indiquée dans le résumé du rapport. Une information (cruciale) manquante qui semble trahir une action menée dans l’urgence, selon François Veillerette. « Il est urgent de sauver le soldat glyphosate par tous les moyens, y compris en se ridiculisant en publiant un résumé sans aucune référence scientifique. On voit bien derrière cette technique d’enfumage le travail des lobby », raille directeur de Générations Futures.

 

Ecoutez...
François Veillerette, directeur de l'association Générations Futures : « On ne demande pas d'avoir des états d'âme sur les résidus alimentaires (...) S'il est cancérogène certain ou probable, il doit être retiré du marché. »

 

Car, c’est là où le bât-blesse. Les experts semblent pliés sous le poids du lobbying. Selon l’ONG Greenpeace, deux des membres des JMPR ont des conflits d’intérêts. Il s’agirait d’Alan Boobis, professeur à l’Imperial College de Londres, et Angelo Moretto, professeur à l’université de Milan. « Alan Boobis est connu pour être membre de l’International Life Science Institute (ILSI), un groupe de lobbying financé par l’industrie notamment Dow Chemical et Monsanto », confirme François Veillerette.

De tels conflits d’intérêts n’aurait pas été observés au CIRC, selon le directeur de Générations Futures. « Le seul groupe de travail qui est à la fois transparent et indépendant est le CIRC. On connaît leurs noms, leurs éventuels conflits d’intérêts. A l’inverse, les experts de l’EFSA ont préféré garder leurs noms secrets ».

Pour le JMPR, l’identité des membres du groupe de travail est également maintenue secrète. Elle devrait être dévoilée d’ici une dizaine jours lors de la publication du rapport complet.