A moins d'un an de l'élection présidentielle française, le Front National (FN) avance ses pions. Après le collectif Racine créé pour les professeurs, Marine Le Pen souhaite à présent séduire les professionnels de santé. Elle a donc présenté ce mardi sa nouvelle association sous le nom du « Collectif pour les Usagers de la santé ». Sa mission : « définir une politique de santé au service de tous les Français », d'après ses membres fondateurs.
Dans un discours à la tribune, la présidente du FN a ainsi égrené ses propositions en matière de santé pour 2017. L'occasion pour elle de se livrer à une attaque en règle de l'actuelle ministre de la Santé, Marisol Touraine. Elle a commencé sa diatribe en reprochant à la locataire de l'avenue Duquesne (Paris) « de ne pas tirer sur les bonnes ficelles pour réaliser son objectif "louable" de rendre plus égalitaire le système de santé français ».
Le plan maladies neuro-dégénératives attaqué
Marine Le Pen a pris l'exemple du 3ème plan maladies neuro-dégénératives 2014-2019 (Alzheimer, Parkinson, sclérose en plaques, etc.) Un « coup de communication », selon elle, qui juge le programme « brouillon, largement sous-financé, et avec un calendrier d'application inexistant ». Le déblocage récent de 40 millions d’euros supplémentaires à destination des ARS (1) par la secrétaire d’Etat aux Personnes âgées, Laurence Rossignol, n'aura donc pas convaincu l'élue des Hauts-de-France. Un an et demi après la présentation du texte par le gouvernement, elle conclut même : « chers patients, circulez, il n'y a rien a voir ».
Toujours dans un discours de conquête de l'électorat senior, la chef de file du Front National a proposé de créer une 5ème branche de la Sécurité sociale (appelée couramment "le 5ème risque") dédiée à la dépendance. Alors que Nicolas Sarkozy, puis François Hollande, en avaient fait une promesse de campagne, elle, assure qu'elle le ferait vraiment. L'objectif de la mesure serait de couvrir les risques de la vie liés à la dépendance notamment du fait de l’avancée en âge, de la perte d’autonomie ou du handicap. L'ambition de cette réforme, « faire baisser la facture des 7 milliards d'euros qui restent à la charge des familles », avance la candidate.
Séduire les médecins libéraux
Enfin, Marine Le Pen a tenté de séduire les médecins libéraux, en prenant le contre-pied de Marisol Touraine. Elle a ainsi critiqué ouvertement la mesure phare de la loi Santé de la ministre, le tiers payant généralisé (dispense d'avance des frais pour les patients), en affirmant se soucier « de la tonne de paperasse que cela occasionnera pour les praticiens dans l'état actuel des procédures de remboursement ». Suffisant pour séduire les blouses blanches ? Réponse le 23 avril 2017, jour du Premier tour de l'élection présidentielle française.
(1) Agences Régionales de Santé
- Suppression de l'aide médicale de l'État (AME) actuelle. Elle serait remplacée par une AME uniquement applicable aux cas présentant un risque majeur de santé publique ou aux cas de pronostic vital engagé ;
- Desserrement du numerus clausus pour les étudiants en médecine ;
- Lutte contre la fraude pour financer notamment une augmentation de l'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA) à domicile et en établissement ;
- Revalorisation de l'Allocation aux Adultes Handicapés (AAH), au moins à hauteur du seuil de pauvreté ;
- Revalorisation des salaires de la fonction publique hospitalière en tenant compte de la pénibilité de leur métier ;
- Généralisation de la vente des médicaments à l'unité pour éviter le gaspillage et faire des économies en santé