La psilocybine pourrait être un nouvel outil dans l’arsenal thérapeutique pour les patients atteints de dépression sévère, nous apprend l’hebdomadaire suisse L’Illustré. Des résultats publiés dans la prestigieuse revue médicale The Lancet, mais qui seraient sûrement passés inaperçus si la psilocybine n’était pas… le principe psychoactif retrouvé dans les champignons hallucinogènes !
L’équipe du Dr Robin Carhart-Harris n’en est pas à son coup d’essai. Les scientifiques de l’Imperial College de Londres ont en effet publié de premiers résultats sur les effets de cette substance en 2008. Après avoir constaté des bienfaits sur l’état psychique, les chercheurs ont décidé d’aller plus loin et de comprendre comment la molécule, connue de longue date pour ses effets hallucinogènes, pouvait également apaiser le psychisme.
L’étude publiée ce mercredi a été menée sur un petit groupe de patients atteints de dépression sévères, pour lesquels les traitements classiques n’étaient pas efficaces. Les volontaires ont reçu de la psilocybine pendant 2 jours, puis ont été suivis durant 3 mois. Ils ont également bénéficié d’un accompagnement psychologique tout au long de l’expérience.
Si les sujets ont tous ressenti dans l’heure suivant la prise les effets psychédéliques de la substance, tous ont aussi présenté une amélioration de leur état. Au bout de trois mois, cinq des douze patients étaient même en rémission.
Le Pr David Nutt, qui a participé à l'étude, explique que la psilocybine « cible les récepteurs de la sérotonine, comme la plupart des antidépresseurs actuellement disponibles, mais qu'elle possède une structure chimique très différente et qu'elle agit plus rapidement que ceux-ci ».
Robin Carhart-Harris ne s’intéresse pas qu’aux « psilo », mais aussi au LSD. C’est dans une autre revue renommée, PNAS, qu’il a publié, en avril dernier, la première étude expliquant les mécanismes d’action de cette drogue sur le cerveau humain. Si ces résultats permettent de mieux comprendre les phénomènes hallucinatoires liés à l’usage de LSD, ils ont aussi mis en évidence des effets potentiels de la substance… dans le traitement de la dépression !
Attention tout de même à ne pas aller trop vite en besogne. Les scientifiques usent de prudence et soulignent bien entendu que d’autres études, réalisées sur un nombre suffisant de personnes et contre placebo, sont nécessaires avant d’envisager ces molécules comme de futurs traitements de la dépression.