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"Paradoxe de l'obésité"

Cancer colorectal : le surpoids réduit de moitié la mortalité

Par Anne-Laure Lebrun

Les personnes en surpoids atteintes d'un cancer colorectal ont un risque de mortalité réduit de 55 % par rapport aux malades de poids normal. 

tish1/epictura

Les personnes en surpoids souffrant d’un cancer colorectal ont moins de risques d’en mourir que les malades ayant un poids normal, selon une étude américaine publiée ce jeudi dans la revue JAMA Oncology.

En France, le cancer colorectal se situe, tous sexes confondus, au troisième rang des cancers les plus fréquents. L’an dernier, 43 000 personnes ont été touchées et 17 500 en sont mortes. D’ici 2020, les experts estiment que le nombre de cancer du côlon-rectum pourrait atteindre 45 000 nouveaux cas annuels.

L’âge est le principal facteur de risque : il survient en grande majorité chez les plus de 50 ans. L’excès de poids est également associé à un risque accru de cancer colorectal. Cependant, de nombreux travaux ont montré que le pronostic était plus favorable pour les personnes en surpoids que pour celles ayant un IMC normal compris entre 18,5 et 23.


Un risque réduit de 55 %

Pour mieux comprendre ce phénomène, une équipe du Kaiser Permanente Division of Research (Etats-Unis) a examiné les dossiers médicaux de 3 400 hommes et femmes souffrant de ce cancer entre 2006 et 2011. Les chercheurs ont évalué leur risque de mortalité en fonction de leur poids au moment du diagnostic puis 15 mois après.

Après avoir ajusté leurs résultats selon leur niveau socio-économique, la gravité de leur maladie, ou d’autres facteurs de risques, les chercheurs observent que les patients de poids normal, ceux ayant un poids insuffisant (IMC inférieur à 18,5) et les obèses (IMC dépassant 35) ont un risque accru de mortalité.

Au contraire, les malades en surpoids (IMC compris entre 28 et 30) ont un risque réduit de 55 % de mourir de leur cancer colorectal par rapport aux patients de poids normal. « Nos travaux, qui représentent la plus grande cohorte de patients atteints d’un cancer colorectal à ce jour, soutient la notion de paradoxe de l’obésité », souligne le Dr Candyce Kroenke, responsable de l’étude.


Le poids idéal varie

Toutefois, les chercheurs indiquent que les mécanismes biologiques pouvant expliquer ce phénomène ne sont pas connus. Des travaux supplémentaires devront donc être conduits pour les identifier.

Les scientifiques estiment toutefois que ces résultats suggèrent que le poids idéal associé au meilleur pronostic pour un cancer diffère de celui pour prévenir son apparition. « Et tout comme les traitements changent selon les cancers, le poids idéal pourrait également varier selon la localisation des tumeurs », suppose Bette Caan, l’un des auteurs de l’étude.