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Avis de la Haute Autorité de Santé

Cancer du poumon : le dépistage inutile chez les fumeurs

Par Julie Levallois

La Haute Autorité de Santé estime que le dépistage organisé du cancer du poumon chez les fumeurs est inutile et dangereux. Elle préconise la prévention.

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Le dépistage organisé du cancer du poumon, ça n’est pas pour tout de suite. La Haute Autorité de Santé (HAS) estime que les conditions ne sont pas réunies pour qu’un tel examen soit utilisé en routine auprès des personnes à risque. Les risques du scanner thoracique à rayons X excèdent les bénéfices.

L’évaluation d’un dépistage du cancer du poumon était réalisée dans le cadre du Plan Cancer. Les experts de la HAS avancent six critères qui permettraient de réaliser un tel examen de manière régulière chez les fumeurs. Bien que dans 90 % des cas, le cancer est lié au tabagisme, aucun de ces critères n’est réuni à ce jour.

Un outils inadapté

Pour le moment, le cancer de poumon ne peut pas être détecté à un stade suffisamment précoce grâce à des examens d’imagerie réguliers. « Il n’est pas clairement établi qu’il existe une période suffisamment longue – entre le moment où une anomalie est décelable à l’imagerie et l’apparition des premiers symptômes – pour mener un dépistage », détaille la HAS.

Le scanner thoracique est en outre inadapté : il génère trop de résultats dits « faux positifs », c’est-à-dire qui suggèrent la présence d’une tumeur qui n’existe pas. Sans compter les risques liés à l’irradiation d’une partie du thorax de manière répétée, qui dépassent de loin les bénéfices d’une telle pratique.

Des traitements encore limités

La HAS rappelle que le public ciblé par un dépistage organisé n’est pas bien identifié. A partir de combien de cigarettes fumées l’examen est-il indiqué ? Combien d’années de tabagisme augmentent le risque de manière suffisante ? Quels sont les fumeurs les plus à risque ? Voilà autant de questions qui appellent une réponse avant de mettre en place un système d’examen généralisé.

Même si un cancer était repéré, y compris à un stade précoce, les traitements actuels ont leurs limites. La chirurgie, lourde, n’est pas accessible à tous les patients. La réduction de la mortalité que doit nécessairement entraîner ce dispositif n’est donc pas avérée.

Dans ces conditions, tranche la HAS, le dépistage ne peut être recommandé. Elle conseille toutefois de poursuivre la recherche de traitements, l’intensification de la lutte anti-tabac et surtout de prêter davantage attention aux premiers signes d’alerte. Car les tumeurs du poumon sont particulièrement mortelles en France : elles constituent le cancer le plus meurtrier chez l’homme et figurent en deuxième position chez la femme. 5 ans après le diagnostic, cinq malades sur six ont perdu la vie.