C’est l’un des premiers à avoir vu le jour dans le monde. A Maisons-Alfort, le laboratoire de santé animale souffle sa 115ème bougie. Autant d’années passées à étudier les virus, les parasites, les maladies qui touchent les animaux et celles qui se transmettent à l’être humain. En mathématique, il s’agit d’un « chiffre chanceux », expliquent les scientifiques réunis ce jeudi pour les célébrations.
23 mandats de référence
De la chance, il en a probablement fallu un peu aux équipes de chercheurs dont les découvertes, à travers les années, ont participé au rayonnement international de ce laboratoire né pour expertiser en 1901 la fièvre aphteuse qui décimait les troupeaux. A l’époque, les grandes avancées pasteuriennes avaient ouvert la voie à la microbiologie moderne ; la santé animale allait immédiatement en profiter.
D’ailleurs, c’est bien l’expertise et non la fortune qui forge la marque de fabrique des lieux. Un siècle après sa création, le laboratoire exerce 23 mandats de référence nationaux, européens et internationaux. En 2015, l’OIE (Organisation Internationale des Epizooties) l’a choisi comme lieu de référence pour analyser le virus aphteux – pathogène le plus contagieux au monde parmi les animaux. Une manière de reconnaître la compétence des équipes, mais aussi la qualité des équipements.
115 ans de découvertes…
1903 : Publication sur la sérothérapie anti-aphteuse, dernier article d’Edmond Nocard, fondateur du laboratoire
1905 : Isolement du virus de la maladie de Carré (chiens) ; isolement du virus de l’anémie infectieuse des équidés, premier rétrovirus animal
1920 : démonstration que le BCG ne peut pas être utilisé pour la vaccination des bovin ; méthode de production des premiers vaccins formolés
1974 : isolement du virus de la grippe équine (souche Fontainebleau)
2014 : découverte de deux nouvelles espèces aviaires de la bactérie Chlamydia
2015 : isolement du nouveau sérotype 27 du virus de la fièvre catarrhale ovine
« Le rayonnement international ne s’est jamais démenti et ne cesse d’augmenter, se réjouit Pascal Boireau, qui dirige le laboratoire. Il faut se référer à notre taux de publication scientifique – 120 publications internationales, soit une par personne et par an… Pas mal, quand même ! »
Un joli palmarès, que le laboratoire doit notamment à sa coopération avec l’Ecole Vétérinaire de Maisons-Alfort, dont il partage le campus. De ce côté-là, la fierté est aussi palpable. « J’ai encore un enseignant qui a donné il y a 15 jours son nom à une sous-espèce bactérienne ! », se félicite Renaud Tissier, directeur scientifique de l’Ecole.
Un parasite dans un coeur de chien - Cabinet des curiosités - Maisons-Alfort
Maladies émergentes
Cette année verra l’inauguration d’une nouvelle plateforme, baptisée « Icube » pour le moment, mais qui devrait prendre le nom de Friedrich Loeffler, découvreur du virus aphteux. « Il y aura deux plateaux techniques, l’un pour la fièvre aphteuse, l’autre pour toutes les émergences, notamment celles transmises par les arthropodes [qui comprennent quatre classes : les Myriapodes, les Chélicérates (Arachnides, Mérostomacés), les Insectes et les Crustacés, ndlr]. »
Le plateau comprendra un insectarium de classe 3, pour étudier les pathogènes les plus dangereux. Ces nouveaux équipements ont vocation à affiner la connaissance des pathologies émergentes chez l’animal – West Nile, Zika, Usutu… - ainsi que le risque pour l’homme. L’objectif ultime étant de déployer des réponses rapides, réactives et appropriées pour éviter les épidémies – évaluation des risques et des sources d’exposition, confinement, abattage … « C’est la mission première de ce laboratoire créé par le ministre de l’Agriculture de l’époque ; il s’agit de guider les pouvoirs publics à travers une démarche logique, établie sur un rationnel scientifique. »