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Entretien avec le Pr François Carré

David Ginola : le massage cardiaque a limité les séquelles

Par Audrey Vaugrente

ENTRETIEN - David Ginola a subi un quadruple pontage après un malaise cardiaque. Les premiers secours prodigués rapidement lui ont permis de limiter les complications.

ANGEL RIVERO/MARCA/SIPA

Malaise cardiaque et quadruple pontage. Avant de participer à la 5e édition de la Maupo Golf Cup de Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes), David Ginola ne s’attendait sans doute pas à finir sa compétition à l’hôpital. L’ancien international s’est effondré sur le terrain alors qu'il se préparait en faisant  un match de football. Transporté au Centre cardio-thoracique de Monaco, il a été opéré par le Pr Gilles Dreyfus. Ce chirurgien cardiaque a salué l’efficacité de la prise en charge de l’ex-joueur du Paris Saint-Germain, et la rapidité du massage cardiaque, qui a permis de lui éviter toute séquelle neurologique.
Prodiguer les premiers secours rapidement est crucial, confirme le Pr François Carré, cardiologue à l’hôpital Pontchaillou (Rennes, Ille-et-Vilaine) contacté par Pourquoidocteur.

Que signifie l'expression "malaise cardiaque" ?

Pr François Carré : Le plus souvent, le terme "malaise cardiaque" sous-entend qu'il y a un malaise avec une perte de connaissance plus ou moins prolongée. On ne parle pas toujours d’arrêt cardiaque, mais c’est souvent un synonyme. Ce qui entraîne le malaise à l'origine de l’arrêt cardiaque, c’est toujours une pathologie qui se complique par une arythmie cardiaque.

Comment faut-il réagir face à un arrêt cardiaque ?

Pr François Carré : La formation aux gestes de premiers secours et à la réanimation cardio-respiratoire est essentielle. Si quelqu’un s’effondre devant soi, il faut d’emblée vérifier qu’elle a perdu connaissance, en lui posant des questions et en lui demandant de serrer la main. On peut ensuite vérifier qu’elle respire en approchant le visage de la bouche. Si elle ne répond pas et ne respire plus, il faut engager un massage cardiaque : on met les mains sur le sternum et on fait des massages. Dans le même temps, une deuxième personne appelle le 15 pour prévenir qu’un arrêt cardiaque a lieu. Elle va ensuite chercher un défibrillateur.

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Des secours rapides sont la clé pour éviter les séquelles...

Pr François Carré : Ce n’est pas parce qu’on fait un pontage par la suite que la personne récupère toutes ses capacités neurologiques. C’est l’arrêt cardiaque qui pose le plus de problème. Tout dépend de la réanimation et les séquelles sont très fréquentes. En France, nous sommes très peu formés : seules trois villes offrent 44 % de chances de survie, Montbard, Dijon et la région de Lille. Dans toutes les autres villes, c’est 4 %. Ces villes ont décidé de prendre le problème à bras le corps en formant la population et en installant des défibrillateurs. Toutes les municipalités devraient faire de même. Mais une fois formé, il faut répéter les gestes très souvent.

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« Le jour où cela vous arrive, si cela fait 15 ans que vous avez été formé, vous ne vous souvenez plus. De toute façon, il ne peut rien arriver de pire à quelqu'un qui fait un arrêt cardiaque. C'est mieux que rien. »


En quoi consiste un quadruple pontage ?

Pr François Carré : Le pontage coronaire sous-entend que les artères coronaires sont bouchées par des plaques d’athérome. Le sang ne circule pas bien et l’oxygène de façon insuffisante. Dans le cas de David Ginola, on peut penser qu’une de ces plaques s’est rompue au cours de l’exercice physique. En se cassant, elle a obstrué l’artère. Le cœur manquant d’oxygène, il a fait une arythmie qui provoque l’arrêt cardiaque.
Une fois que la personne est réanimée, elle va à l’hôpital. L’examen met alors en évidence le fait que l’artère est bouchée en quatre endroits, ce qui nécessite quatre pontages. On transfère alors une artère située sous les clavicules, on dévie son trajet pour les raccorder au niveau des artères coronaires en dessous de la plaque qui obstrue l’artère. Le sang peut donc circuler de nouveau.

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Quelles sont les conséquences de cette opération ?

Pr François Carré : La chirurgie n’est pas très lourde. Dans les semaines qui suivent, il peut y avoir quelques douleurs, à cause de l’ouverture du sternum. Il y a aussi un suivi régulier parce que cette maladie est chronique. Le geste permet de surseoir au problème urgent, mais il faut une hygiène de vie – diminuer le cholestérol, arrêter de fumer –, prendre des médicaments pour que les plaques d’athéromes n’augmentent pas de taille et une surveillance cardiologique. Avec ce nouveau système de pontage, on arrive tout de même à ne pas avoir à intervenir de nouveau. Ils tiennent 20-30 ans sans problème.