Pour les 3 000 couples infertiles inscrits pour bénéficier d’un don de gamètes, le bonheur de devenir parent est un long chemin de croix. Il leur faut attendre entre 1 et 4 ans pour accéder à l’assistance médicale à la procréation. En cause : la pénurie de donneurs de spermatozoïdes et d’ovocytes. Pour répondre aux besoins, 900 donneuses et 300 donneurs devraient être recrutés. C’est l’objectif de cette nouvelle campagne de l’Agence de la biomédecine lancée ce jeudi et qui durera jusqu’au 5 juin.
L’Agence est optimiste. Au cours des ces 5 dernières années, le don d’ovocyte a augmenté de 40 %. Sur la même période, le don de spermatozoïde est resté stable et est parvenu à répondre chaque année aux besoins des couples. En 2014, 245 donneurs et 501 donneuses ont permis la naissance de 1 326.
Reste que des milliers de couples attendent encore. Pour tenter de remédier au manque de gamètes, le gouvernement a autorisé les hommes et les femmes sans enfant à donner. En contrepartie, ils pourront conserver une partie de leurs dons et en bénéficier ultérieurement, seulement s’il deviennent infertiles.
Garder les donneurs
Mais recruter n’est pas la seule difficulté. Garder les donneurs pour qu’ils aillent jusqu’au bout de la démarche en est une autre. « Entre 25 et 30 % des donneurs abandonnent dans notre centre , indique le Pr Jean-François Guérin, responsable du Centres d'études et de conservation des œufs et du sperme (CECOS) Rhône-Alpes à Lyon. Les gens se lassent, ils ne veulent pas venir plusieurs fois. »
Il faut dire que le don de gamètes n’est pas de tout repos. Après une première consultation médicale, les femmes souhaitant faire don de leurs ovocytes doivent réaliser un bilan de santé complet (antécédents médicaux, examens sanguins…) ainsi qu’un entretien psychologique pour évaluer leurs motivations. Si l’équipe médicale les juge aptes, vient l’étape de la stimulation ovarienne. Durant 10 à 12 jours, la donneuse doit s’injecter un médicament pour obtenir un nombre important d’ovocytes. Au cours de cette période, 3 à 4 prises de sang et/ou échographies doivent être réalisées pour évaluer la réponse au traitement. Le prélèvement est ensuite réalisé 30 à 35 heures après la dernière injection. Il se fait sous analgésie ou anesthésie au cours d’une journée d’hospitalisation. Des douleurs et des saignements peuvent survenir après le don mais ils ne durent pas.
Du côté des hommes, le don de spermatozoïdes n’est pas non plus une partie plaisir. Contrairement à ce que l’on pourrait penser. Lors d’un premier rendez-vous, le donneur potentiel est interrogé sur ses motivations, ses antécédents familiaux et il doit doit se soumettre à examens médicaux. Le premier recueil de sperme, obtenu par masturbation, peut être effectué le même jour. Ce prélèvement est ensuite congelé puis décongelé afin de vérifier que les spermatozoïdes tolèrent ce phénomène de décongélation. Si les tests sont concluants, le donneur est rappelé pour réaliser d’autres prélèvements.Il est recommandé de s’abstenir 3 à 5 jours avant chaque don. Six mois après le dernier recueil, le donneur est rappelé pour réaliser un ultime test sanguin afin de s'assurer qu'il n'a contracté aucune pathologie infectieuse. « De nombreux donneurs ne reviennent pas pour faire ces sérologies. Or, sans ces derniers examens nous ne pouvons pas utiliser leurs dons », souligne le Pr Jean-François Guérin.
Le découragement des donneurs n'est pas la seule cause pouvant expliquer la pénurie de gamètes. Les critères médicaux très exigeants excluent un grand nombre de donneurs. « A partir du moment où des maladies peuvent être transmises par le sperme, comme les pathologies psychiatriques, les donneurs ne pourront pas être sélectionnés », explique le spécialiste.
C'est pour cette raison que plus les donneurs potentiels seront nombreux, plus le nombre de dons augmentera. Pour devenir donneur de gamètes, il faut être en bonne santé. Les femmes doivent être âgées de 18 à 37 ans et les hommes de 18 à 45 ans. Le don est désormais possible sur tout le territoire avec 27 centres de don de spermatozoïdes et 28 centres de don d'ovocytes en France.