« Nous sommes fatigués de voir les enfants mourir ». Voilà les mots poignants d’un chef de groupement en République Démocratique du Congo, alors qu'il s'entretien avec un infirmier de l’association Médecins Sans Frontières. Selon MSF, le Congo fait face à une flambée de cas de paludisme « d’une gravité rarement atteinte », dans le nord-est du pays. Au début du mois de mai, 141 enfants ont été hospitalisés en une seule nuit dans le Haut-Uélé (nord-est du pays). Selon l’association, dans l’hôpital qui a reçu les jeunes patients, « les vingt-deux lits de la pédiatrie comptaient deux à trois enfants chacun, alors que d’autres étaient étendus sur des nattes à même le sol ». MSF dénonce un accès aux soins est dérisoire et insuffisant pour combattre la propagation de la maladie. « Les cas de paludisme sévère se multiplient et beaucoup d’enfants meurent chez eux, sans avoir accès aux soins », ajoute l’association dans son communiqué.
Une flambée prévisible
Ce n’est pas la première fois que cette région de la RDC est touchée par une flambée de paludisme. « Nous étions déjà, en 2012, intervenus exactement dans les mêmes conditions et dans les mêmes zones, explique à Pourquoidocteur Florent Uzzeni, responsable adjoint des urgences pour MSF. La région nord-est du pays est une zone hyper-endémique, on se préparait à revivre une flambée. ». Cette fois-ci, souligne le responsable adjoint des urgences, le Congo fait face à sept fois plus de cas que la moyenne. Et les enfants paient leur vulnérabilité, « Ils sont les plus touchés ». Des cas de paludisme simple qui, faute de soins et de prise en charge rapide, se compliquent et entraînent de nombreux décès. « Les autorités sanitaires congolaises nous ont contacté, démunies. Compte tenu de l’apparition soudaine et peu contrôlable du nombre de cas, et au regard du stock dérisoire de médicament dont dispose les autorités, le pays n’était pas en mesure de répondre à cette flambée ».
MSF déclenche son plan d’urgence
Les équipes de MSF se sont rendues sur place pour distribuer plus de 10 000 traitements à base d’artésunate, censé combattre la maladie. Des milliers de tests rapides ont également été confiés à 32 centres de santé de la région, pour permettre aux malades d’être pris en charge dans les meilleurs délais, gratuitement et près de chez eux. « Aujourd’hui, notre objectif est tout d’abord de traiter le plus rapidement possible les enfants atteints de paludisme simple pour éviter qu’ils ne développent un paludisme sévère, explique dans un communiqué Florent Uzzeni. Des traitements efficaces existent et si tous les acteurs du pays impliqués dans la lutte contre le paludisme se mobilisent rapidement, nous pourrons éviter que cette flambée n’entraine le décès de très nombreux enfants », conclut-il.
Selon les derniers chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), « 3,2 milliard de personnes, soit près de la moitié de la population mondiale sont exposées au risque de contracter la maladie ». En 2015, la transmission du paludisme continuait dans 95 pays. Et même si l’incidence de la maladie a baissé de 37 % dans le monde, l’Afrique reste le continent le plus touché par le paludisme. En 2015, 88 % des cas et 90 % des décès liés à la maladie sont survenus dans la région sub-saharienne.