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Haut Conseil de Santé Publique

Hépatite A : nouvelles recommandations face à la pénurie de vaccins

Par Suzanne Tellier

Le Haut Conseil de Santé Publique révise le schéma vaccinal contre l’hépatite A en raison de fortes tensions d’approvisionnement depuis plus d’un an.

nelsonart/epictura

La pénurie de vaccins contre l’Hépatite A s’aggrave. Dans un bulletin d’information, l’Agence française du Médicament rappelle ce mardi que les tensions d’approvisionnement qui pèsent depuis 2015 sur les vaccins Havrix (GlaxoSmithKline) et Vaqta (Sanofi-Pasteur), persistent à tel point que les recommandations officielles ont dû être remises à jour.

« Les approvisionnements en vaccins hépatite A adultes prévus sur l’année 2016 ne permettront pas de répondre en totalité aux besoins du marché », explique le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) dans son avis daté du 19 mai. Aussi, « les distributions tant sur le marché de ville que sur le marché des collectivités font l’objet d’un fort contingentement (…) pour préserver le plus longtemps possible les unités restantes en quantité limitée ».
 

Pas de rappel avant un retour à la normale

Ces restrictions portent sur les vaccins adultes ; les stocks de spécialités pédiatriques semblent suffisants pour couvrir les besoins nationaux, bien que « des tensions ponctuelles sont cependant susceptibles d’être observées ».

Dans ce contexte, le HCSP révise les schémas vaccinaux et recommande dans un premier temps de n’effectuer qu’une seule dose pour les nouvelles vaccinations et de ne pas faire de rappel avant un « un retour à la normale ».

Pour ceux qui ont déjà reçu une dose et qui sont susceptibles d’être exposées au virus de l’hépatite A, la seconde dose ne sera administrée que lorsque les tensions d’approvisionnement se seront résorbées. Seules les personnes immunodéprimées ont droit à une seconde dose, puisque la « persistance de l’immunité après une seule dose est incertaine dans leur cas ».

Les personnes ayant déjà reçu deux doses de vaccin (quel que soit le délai entre les deux doses) ne recevront pas de rappel même s’ils sont à nouveau en situation d’exposition. Le Haut Conseil recommande par ailleurs de pratiquer une sérologie préalable prouvant l’absence d’immunisation.

Priorités

Ces mesures de rationnement s’accompagnent d’une priorisation nécessaire. Ainsi, le HCSP recommande de vacciner en priorité les enfants (âgés d’un an et plus) « quand ils sont nés de parents issus de pays de haute endémicité ET qu’ils vont faire un séjour dans leur pays d’origine ».

Les personnes de l’entourage d’un ou plusieurs cas confirmés, les voyageurs exposés à un risque élevé de contamination, ou encore les personnes immunodéprimées et les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH) exposés au virus doivent être vaccinés en priorité par rapport aux autres.
 

Efficacité des doses uniques ?

Si ces recommandations se justifient par la situation du marché, elles posent tout de même la question de l’efficacité d’une telle couverture vaccinale. « Les données concernant la durée de protection après administration d’une seule dose manquent », reconnaît le HCSP, qui se fonde malgré tout sur plusieurs travaux.

« Une étude récente portant sur 318 enfants montre que 99,7 % conservent un taux d’anticorps protecteur 5 ans après la vaccination. Surtout, plusieurs études montrent qu’une immunité mémoire persiste au moins 10 ans après l’administration d’une première dose de vaccin hépatite A ».

Par ailleurs, la maladie ayant une durée moyenne d’incubation de 28-30 jours (extrêmes 15-50 jours), « la mémoire immunitaire assure une protection suffisante en cas de contact avec le virus à distance de la vaccination ».