A l’heure où l’Union Européenne s’empêtre dans des débats sans fin sur l’opportunité d’interdire tel ou tel pesticide, une petite commune toulousaine a décidé de prendre les devants. A Saint-Jean, en banlieue de la Ville Rose, les pesticides à proximité des habitations seront bientôt bannis.
La mairie vient en effet de signer un arrêté municipal interdisant les épandages de pesticides « à moins de cinquante mètres de tout îlot d’habitation. » Le texte va bien plus loin que la législation actuelle, qui prohibe la pulvérisation de produits phytosanitaires aux abords des écoles, des crèches et des établissements de soins.
Un signal fort
Le texte, qui doit encore être validé par la préfecture, risque de déclencher un vent de colère parmi les agriculteurs – lesquels pourraient d’ailleurs le contester devant les tribunaux. « Pourtant, il faut plutôt le voir comme une volonté de sensibiliser ; ce n’est pas une mesure qui vise à entraîner des sanctions », explique le député Gérard Bapt, ancien maire de la ville (1989-2012) et désormais premier adjoint.
Ce cardiologue de formation n’en est d’ailleurs pas à son premier coup d’essai en matière de renforcement sanitaire. En 2009, il s’était illustré en interdisant dans sa commune les biberons au Bisphenol, faisant ainsi de Saint-Jean le premier territoire français exempt de ce perturbateur endocrinien.
Les herbicides domestiques restreints
La municipalité ne compte d’ailleurs pas s’en tenir là. Un autre arrêté signé dans la foulée du premier prévoit d’interdire l’utilisation d’herbicides domestiques « dans les fossés collecteurs des eaux pluviales ». La mesure, fort ambitieuse, insiste ainsi sur les différentes sources d’exposition aux pesticides - loin d’être le seul apanage du milieu agricole.
« Il s’agit d’herbicides que certains versent dans le fossé d’évacuation pluviale devant chez eux pour que ce soit "plus propre", pour enlever les mauvaises herbes, explique le député. On le voit bien, quand on passe devant les routes, c’est tout râpé, ça tue tout… Et quand il pleut, tout part dans les eaux pluviales ! »
Ces herbicides, qui constituent un risque sanitaire pour l’être humain, tuent également les insectes pollinisateurs, avec toutes les conséquences socio-économiques que l’on sait.
« Les gens prennent conscience des dangers liés aux pesticides et il y a une forte réaction », affirme encore Gérard Bapt. Un signe que sur le terrain, loin des bureaux parisiens où se prennent les décisions politiques, la population est prête et demandeuse de ces mesures protectrices.