Les enfants sont plus sensibles à la pollution. Mais dans quelle mesure cela pourrait altérer leur vie future ? Une étude suédoise du Karolinska Institutet, publiée dans le Journal of allergy and clinical immunology montre que ce sont les voies aériennes distales (bronchioles, alvéoles) qui souffrent pendant la petite enfance, et qu’à l'adolescence, les personnes exposées présentent quelques difficultés respiratoires.
Les chercheurs ont étudié les examens pulmonaires de 2 400 enfants nés entre 1994 et 1996 dans leur première année, puis à 16 ans. Dans leurs travaux, ils ont intégré leur lieu de vie, et les données de pollution atmosphérique au dioxyde d’azote (NO2) issu des pots d’échappement.
Les sujets de l’étude qui avaient été exposés très tôt à la pollution automobile, avant un an, présentaient une résistance – c’est-à-dire une difficulté de passage de l’air dans les poumons – plus importante au niveau des voies aériennes distales.
A chaque fois que la pollution aux oxydes d’azote augmentait de 10 microgrammes par mètre cube, la résistance augmentait significativement, surtout chez les garçons, et pour les adolescents asthmatiques. A titre de référence, Airparif annonce ce mercredi une pollution au NO2 comprise entre 55 et 80 µg/m³ à Paris. Pendant les pics de pollution, sa concentration peut dépasser les 300 µg/m³.
Vrai pour Stockholm, donc pire ailleurs
« Les poumons et les voies aériennes sont exposées à différents polluants atmosphériques au cours de la vie, mais comme ils ne sont pas totalement matures à la naissance, les bébés sont particulièrement sensibles aux effets néfastes de la pollution », explique le Dr Erika Schultz du Karolinska Institut et auteur principale de l’étude.
« De plus en plus d’études montrent l’importance de l’état des voies distales sur la santé générale des poumons, poursuit-elle. Ce qui est inquiétant, c’est que les effets dus à l’exposition la première année de vie semblent être durables, même si nous ne en connaissons pas l’ensemble des implications cliniques. »
La population étudiée résidait à Stockholm, en Suède, qui est loin d’être la ville la plus polluée. Les tendances, certes faibles, rendent néanmoins les résultats d’autant plus significatifs. Les chercheurs responsables de l’étude estiment qu’en appliquant leur modèle à des villes plus polluées comme les mégapoles chinoises, l’effet observé pourrait être beaucoup plus important.