En France, les problèmes d’insécurité sont de plus en plus fréquents dans les commerces de proximité. Et les pharmaciens ne sont malheureusement pas épargnés. Agressions verbales, vandalisme, agressions physiques, vols à main armée : les actes de violence ont été nombreux en 2015. En attestent les chiffres du Conseil National de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) qui présente ce jeudi son observatoire 2015 des agressions subies par ces professionnels de santé.
Depuis 2012, le CNOP suit, à l’aide des fiches de déclarations qui lui sont transmises par les pharmaciens d’officine, l’évolution des agressions (physiques, verbales, dégradations matérielles…) dont ils sont victimes. « Il est primordial que les pharmaciens continuent de déclarer les agressions. Cela nous permet d’établir un panorama affiné de la situation et de proposer ainsi des solutions adaptées en faveur de la sécurité de l’exercice pharmaceutique », indique Alain Marcillac, référent national sécurité de l’Ordre national des pharmaciens.
131 déclarations d'agressions en 2015
Ainsi, l’Ordre national des pharmaciens a reçu 131 déclarations en 2015 (contre 152 en 2014). Parmi elles, les agressions avec arme à feu représentent 14 % des déclarations, cela témoigne de « l’extrême violence subie parfois par les pharmaciens d’officine », estime l'Ordre. Après une stabilisation ces trois dernières années, il s'agit malheureusement d'un chiffre qui repart à la hausse (+3 %).
Comme explication à ce constat, l'Ordre écrit : « alors que l’exercice officinal se caractérise très largement par un fonctionnement financier dématérialisé avec de faibles sommes d’argent en caisse, la réalité demeure relativement méconnue par les agresseurs ». « Dans un contexte où la recherche d’argent liquide est souvent la motivation première des agressions de pharmaciens, on constate que celles liées au vol de caisse constituent le tiers des motifs déclarés », ajoute-t-il.
Une prise en charge de plus en plus sous tension
Par ailleurs, le CNOP enregistre également une augmentation des agressions liées aux difficultés relatives à la prise en charge, par exemple, le patient souhaitant un tiers payant, alors qu’il ne présente pas de Carte Vitale ou papiers conformes, ou refus de délivrance suite à des ordonnances non conformes. Elles sont en hausse de 6 % par rapport à 2014.
Et l'Ordre note une forte reprise du nombre d’agressions avec menace (+9 % par rapport à 2014). Mais au total, les agressions verbales représentent toujours la moitié des déclarations (48 %).
S'agissant de la typologie des officines concernées, l'Observatoire révèle que les officines de villes de moins de 50 000 habitants concentrent 80 % des agressions déclarées. Les pharmacies des petits centres commerciaux deviennent ainsi une cible « prisée » par les agresseurs (+ 11 % par rapport à 2014) malgré une fréquentation importante et des systèmes de sécurité développés. Près de 8 pharmacies déclarantes sur 10 sont en effet équipées de systèmes de télé-surveillance.
Les communes rurales pas épargnées
Mais les pharmacies rurales ne sont pas non plus épargnées. Les données collectées par les forces de sécurité témoignent d’une inquiétante augmentation des « razzias » rurales, réalisées sur une courte période par un même groupe d’individus et à l’échelle d’un ou plusieurs arrondissements départementaux. Les déclarations viennent principalement de pharmacies implantées en Lorraine (13.8 %), Ile-de-France (13.8 %) et Bourgogne (10.8 %).
Enfin, les conséquences pour les professionnels sont inquiétantes. La part des agressions physiques déclarées ayant provoqué un arrêt de travail ou une hospitalisation reste autour de 10 %. Les conséquences psychiques à long terme ne sont pour leur part pas évaluées. « Elles peuvent se manifester plus tard alors qu’il n’y a pas de déclaration complémentaire permettant de mesurer ce phénomène », conclut l'Ordre des pharmaciens.
Source : Ordre National des Pharmaciens