Comment se détendre alors qu’on s’apprête à jouer le remake d’Un chien andalou, allongé sur le billard avec un scalpel dans l’œil ? A cette question, l’équipe d’anesthésie-réanimation de l’hôpital Cochin répond : en musique. D’après des résultats présentés cette semaine au congrès de l’association européenne d’anesthésiologie, à Londres, l’astuce permettrait de réduire efficacement le stress des patients.
La musique adoucit les nerfs (optiques)
Dans cette étude pilote, 62 patients ont été reçus pour une opération bénigne de la cataracte, réalisée en un quart d’heure en ambulatoire et sous anesthésie locale. Pour la moitié d’entre eux, choisis par tirage au sort, l’opération était précédée d’une séance musicale. Jazz, flamenco, musique cubaine ou classique : pendant un quart d’heure, le patient pouvait écouter le morceau de son choix.
Les patients devaient ensuite remplir un questionnaire destiné à évaluer leur niveau de stress en vue de l’opération à venir, en évaluant des affirmations telles que « J’ai peur que l’opération échoue » ou « J’ai peur d’avoir mal après l’opération ». Résultat : non seulement les patients mélomanes étaient bien moins stressés avant l’opération, mais ils ont consommé moins de sédatifs pendant l’acte et se déclaraient plus satisfaits après. Un tiercé gagnant, en somme.
Petit reggae ou quatuor piano-cordes ?
Il faut dire que les musiques n’étaient pas conçues au hasard : n’espérez pas trop écouter un solo de guitare trépidant sur des blast beats à 200 à la noire. Conçus par une société spécialisée en musicothérapie, les morceaux respectent une structure qui va decrescendo, le tempo et le nombre d’instruments diminuant au fil du temps. Une façon de se détendre en douceur, à écouter ici ou là.
« Écouter de la musique peut être considéré comme une méthode bon marché, non invasive et non pharmacologique pour réduire l’anxiété des patients », conclut le Dr Gilles Guerrier, premier auteur de l’étude, qui précise que l’effet de relaxation dure environ une heure. L’équipe cherche désormais à étendre la méthode à d’autres opérations légères d’orthopédie, et à évaluer l’effet de la musique sur la douleur post-opératoire.
L'utilisation de la musique au bloc opératoire tend à se répandre ces dernières années, et de plus en plus de travaux démontrent son effet bénéfique chez le patient, ou même... chez les praticiens.