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QUESTION D'ACTU

Méthylphénidate

Un médicament contre l'hyperactivité réduit le risque de délinquance

Un médicament efficace contre l'hyperactivité a un impact social important sur le parcours de la personne. Le nombre d'incarcérations est réduit de 32% chez les garçons qui l'utilisent.  

Un médicament contre l'hyperactivité réduit le risque de délinquance SuperSTOCK/SIPA




Lorsqu’elles sont traitées par médicament, les personnes qui souffrent du trouble du déficit de l’attention et de l’hyperactivité (TDAH) auraient moins de probabilité d’être incarcérées que les autres hyperactifs. 32% en moins chez les garçons et 41% chez les filles. Ces résultats sont isuss d’une étude étonnante réalisée en Suède où les chercheurs ont pu croiser les données issues de l’assurance maladie de 25 000 personnes diagnostiquées TDAH et des fichiers des prisons entre 2006 et 2009. Une étude qui n’aurait pas pu être réalisée en France. 

« Attention, un médicament c’est fait pour traiter des symptômes, une maladie, pas pour réduire la délinquance, rappelle d’emblée le Pr Bruno Falissard, pédopsychiatre à la Maison des adolescents de l’hôpital Cochin à Paris, la Maison de Solenn.
Mais pour ce spécialiste du TDAH, il s’agit d’une « étude importante : elle confirme l’efficacité du traitement contre les symptômes du TDAH, et montre de façon robuste que le traitement a un impact sur le parcours social de la personne ». 

Un rejet de la société
L’impulsivité des enfants TDAH les expose à un risque élevé de comportements antisociaux. « Elle les amène à agir bien souvent avant de réfléchir : ils donnent ainsi parfois des coups de poing ou lancent des coups de pied à leurs camarades, explique le spécialiste. Ils pâtissent alors d’ un rejet important de la part de leurs camarades et des adultes qui représentent l’autorité. Notons que cette impulsivité est inhérente au TDAH lui-même comme le rappellent les associations de patients. On comprend donc que les personnes qui souffrent de ce trouble ont plus de probabilité d’être incarcérées ».
Un risque étayé par des études mais difficile à estimer de façon systématique. « Cela dépend du degré du trouble, on sait aussi que ces personnes ont plus de risques de consommer des substances illicites et elles peuvent aller en prison à cause de ça. En fait, il y a une intrication entre le sanitaire, le social et le juridique », note le pédopsychiatre.


Ecouter le Pr Bruno Falissard
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pédopsychiatre à la Maison des adolescents de l’hôpital Cochin: « Ce que vient de démontrer cette étude, c’est que ces médicaments ont un effet aussi sur la trajectoire de vie, à moyen et long terme, des individus. »
 


Des abus aux Etats-Unis, une prescription encadrée en France

Le pic de prévalence de ce trouble se situe à l’âge de dix ans. « En gros, c’est un pour cent des garçons de 10 ans, soit un toutes les trois-quatre classes », estime le pédopsychiatre. Et chez les filles, la prévalence est nettement inférieure. « C’est plus le déficit de l’attention que l’hyperactivité qui apparaît au premier plan ».

Mais ces réultats ne risquent-ils pas d’inciter à utiliser à mauvais escient ce type de médicament ? « C’est vrai que la tentation est grande, observe le Dr Falissard, le médicament est tellement efficace, et la demande sociale est de plus en plus imporante, c’est-à-dire que les parents pour des raisons différentes et complexes : les changements de forme de l’autorité, les exigences scolaires qui ne sont plus les mêmes… ils sont de plus en plus en demande de prise en charge. Donc, la tentation est grande de prescrire larga manu. Dans certains Etats aux USA, 10% des garçons sont sous méthylphénidate. » En France, c’est nettement moins, « à peine un pour cent des garçons » car la prescription de la molécule autorisée pour traiter ce trouble est très encadrée.

Ecouter le Pr Buno Falissard, « La première prescription doit être réalisée par un médecin spécialisé à l’hôpital et elle doit être renouvellée tous les mois par un médecin généraliste.
 

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