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Bien-être des patients et des soignants

Soins intensifs : des nuisances sonores deux fois trop élevées

Par Caroline Delavault

Dans une étude belge, des chercheurs font un constat préoccupant. Les niveaux sonores dans les unités de soins intensifs sont trop élevés.  

Epictura/Beerkoff1
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Le silence se fait prier... Une étude présentée à l’Euroanaestusia 2016 montre que les niveaux sonores dans les unités de soins intensifs dépassent les normes recommandées par l’OMS. Les travaux, menés par une équipe de l’hôpital de Hasselts, en Belgique, dénoncent l’impact  sur le bien-être des malades ainsi que du personnel médical. L’OMS recommande des niveaux sonores moyens pour les services hospitaliers de moins de 35 décibels le jour, et de 40 décibels au maximum pour la nuit. Cependant, les niveaux sonores enregistrés par les chercheurs dans l'hôpital de Jessa dépassent significativement la moyenne. 

Pendant deux semaines, l’équipe de chercheurs a entreposé des indicateurs de niveau sonore au chevet des patients mais également dans la pièce dédiée aux infirmiers. Les bruits ont été enregistrés en continu, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. 

 

Des taux deux fois trop élevés 

Dans les chambres de patients pendant la nuit, les niveaux sonores moyens avoisinaient les 52,8 dBA. Le jour, les niveaux étaient sensiblement plus élevés - de 54,6 dBA. En tout, 14 pics sonores, supérieurs aux recommandations, ont été relevés avec un record à 101,1 dBA. Au poste des soins infirmiers, la moyenne frôlait les 53,9 dBA le jour. Le pic sonore a été enregistré avec 90,6 dBA. Le bruit des équipements médicaux, les alarmes, les centaines de machines allumées et l’activité du personnel contribuent à ces nuisances. « Les sons électroniques stimulent plus le cerveau que les voix humaines, il est donc très probable que les pics que nous avons mesurés soient les sons des alarmes », explique le Dr Claes, auteure de l’étude. 

 

Des alternatives difficiles à trouver 

Et ces conclusions ne sont pas le résultat d’un cas isolé. Pour les auteurs de l’étude, le problème est commun à toutes  les unités de soins intensifs : « Nos résultats sont comparables aux niveaux observables dans les autres unités », déplore le Dr Claes. Ces nuisances affectent l’état général de patients, leur bien-être et leur capacité à se reposer. « Il est difficile de créer une unité de soins intensifs sans bruit. Nous avons besoin des alarmes pour nous alerter sur les situations d’urgence, quand l’état d’un patient se détériore par exemple. Divers programmes de formation du personnel, la planifications des tâches, le  repositionnement des machines, la révision du seuil d’alarme n’a malheureusement pas réduit les niveaux sonores.», constate avec regret le médecin. Néanmoins, certaines alternatives pourraient restreindre l'impact des nuisances sonores. « À l’heure actuelle, nous pourrions envisager l’utilisation de bouchons à oreille ou d’autres dispositifs pour les patients, bien qu’il puisse y avoir des occasions de moduler le son des alertes avec l’utilisation de système d’alarme intelligents », conclut le Dr Claes.