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Flirt, amour et gros chagrin

Ados : L’été des premiers émois

Par Rica Etienne

Alors que leurs désirs s’éveillent, comment les accompagner sur le chemin de l’amour sans leur couper les ailes.

En été, les ados flirtent, c’est bien connu. La plage, la bande de copains, le café de la place du village, le ciel bleu, l’envie de rêver… Les amourettes se suivent et le parent assiste amusé (souvent), attristé (parfois) au petit jeu des chaises musicales. Un jour, Emilie est amoureuse de Paul, le lendemain de Quentin et vice-versa.
« Ces jeux de la séduction, s’ils ne sont pas toujours agréables au moment où on les vit, présentent toutefois un intérêt non négligeable : ils permettent aux adolescents de se chercher, de se rêver, de se tester, de se rater, de se trouver parfois… et surtout, de mieux définir ce qui plaît ou ne plaît pas, explique la psychologue Frédérique Hédon ( Rebondir après un chagrin d’amour, Larousse poche).  ».

Les parents ne doivent pas s’inquiéter de ces histoires éphémères ni se lancer dans de grandes leçons de morale. Non, leur fille n’est pas « facile », leur garçon n’est pas un Don Juan en herbe. Ces valses-hésitations et petits manèges enchantés n’ont rien de futile. Il faut bien apprendre l’amour et acquérir une maturité en ce domaine. Grâce à cette préparation psychologique, l’ado devient capable d’émois plus durables et plus sereins à l’avenir.

La première fois à la plage. 17 ans est l’âge moyen du premier rapport sexuel, le plus souvent celui-ci survient en vacances. Entre 15 et 18 ans, la moitié des jeunes aura "connu le loup".
Dans ce domaine de l’amour et de la sexualité, le rôle du parent est important,. Il lui faut prévenir des risques potentiels sans réduire la sexualité à cette somme de risques. Le maître mot, c’est d’associer la nécessaire prévention à un élan de complicité et de partage devant ce nouveau chemin qui s’ouvre.

L’amour n’est pas qu’un danger ! Il est aussi une merveille à découvrir; on a envie de grandir et d’aller vers l’avant. Le moment venu, lorsque le parent verra poindre les premiers frémissements de l’amour, il lui faudra aborder la question. La mère peut parler à sa fille, et le père à son fils, du respect indispensable de part et d’autre et du désir nécessaire.
A la limite, peu importe d’être vraiment amoureux, ce qui compte avant tout, c’est le désir très fort de vivre cette aventure et le respect de l’autre et de soi-même. Tout le reste est sous- entendu, la complicité comme la nécessité de se protéger.
Autre conseil qui a son importance, rappeler à son ado, qu’il doit toujours agir parce qu’il en a envie, et non pour faire comme les autres. Le parent peut aussi être tenté de mettre en garde son enfant contre l’amour ( « attention, les hommes sont comme ceci », « méfie-toi de cela »…). Il faut se garder de ses projections personnelles et au contraire, lui laisser toute sa fraîcheur. Les chagrins forment aussi…


Son premier chagrin d'amour. 
Le retour à la maison, l’éloignement et la séparation, peuvent plonger l’ado dans l’exaltation et l’effondrement. Il reproche à ses parents d’être des tourmenteurs bassement matériels parce qu’ils sont obsédés par la note de téléphone et la rentrée scolaire qu’il faut réussir.
Puis, au bout de quelques jours, voire quelques semaines dans le meilleur des cas, tombe le couperet, c’est fini ! «  A cette période, jeunes gens et jeunes filles sont encore très centrés sur eux-mêmes, et leur investissement amoureux restent donc partiel, ce qui limite la profondeur d’un éventuel chagrin, relativise Frédérique Hédon.
De ce fait, les chagrins d’amour des adolescents, dont la survenue est liée à l’inconstance de leurs sentiments, propres ou à ceux de l’autre, sont en réalité des peines de cœur passagères, vite arrivées et vite oubliées ».

Certaines amours peuvent être très vives et intenses, la douleur qui s’en suit tout aussi vive et tout aussi intense… mais non inutile, car c’est ainsi qu’on apprend l’amour. Le temps est le meilleur des remèdes dans la grande majorité des cas. Face à un chagrin qui s’éternise, il faut toutefois se montrer vigilant. Parmi les ados qui tentent de se suicider, un sur deux cite la rupture comme source de son mal-être.