Il y a les morts glorieuses… et les autres. L’affaire qui nous occupe est rapportée par des légistes allemands dans l’American Journal of Forensic Medicine and Pathology, et relayée par Marc Gozlan, journaliste à Science et Avenir, sur son blog. Elle concerne une jeune femme de 24 ans, retrouvée morte dans sa salle de bain. A ses côtés, l’arme du crime : un vibromasseur.
La jeune femme, partie s’isoler à l’issue d’une fête de famille qu’on imagine pesante, est selon toute vraisemblance décédée des suites de son séjour au royaume d’Onan. L’autopsie a montré que le décès était consécutif à une hémorragie méningée, provoquée par une rupture d’anévrisme à la base du cerveau.
La veuve poignet a encore frappé
L’anévrisme est une dilatation anormale d’une artère, qui se présente sous la forme d’un gonflement local de la paroi. Il s’agit d’un point de faiblesse de l’artère, qui peut finir par rompre et provoquer une hémorragie interne – c’est la rupture d’anévrisme. On estime que 2 à 3 % de la population souffre d’anévrisme cérébral.
Or la masturbation, comme toute activité physique un peu soutenue, est susceptible de susciter une hausse de la pression artérielle. Chez les personnes porteuses d’un anévrisme au cerveau, un tel pic de tension est susceptible de provoquer un accident vasculaire cérébral (AVC) de type hémorragique. Une urgence absolue, souvent mortelle.
On a l’âge de ses artères
Si l’anévrisme peut être silencieux pendant des années, certains symptômes doivent inciter à la prudence. La jeune femme saisie en pleine action souffrait par exemple de maux de tête inhabituels peu avant sa mort. D’autres signes peuvent faire soupçonner un gonflement de l’anévrisme, tels que des troubles neurologiques ou des nausées et vomissements.
L’anévrisme peut être lié à une malformation congénitale, mais comme toutes les maladies vasculaires, il est aussi favorisé par la consommation de tabac, le diabète, ou encore l’âge. Bien que toute jeune, notre infortunée onaniste fumait par exemple deux paquets par jour, précise Marc Gozlan.
Quand la petite mort rejoint la grande
La prévention de l’anévrisme se fait essentiellement par la réduction de facteurs de risque comme le tabac et l’hypertension artérielle. Néanmoins, en cas d’anévrisme non rompu, découvert fortuitement ou sur consultation, il est possible d’avoir recours à des traitements chirurgicaux destinés à obturer l’anévrisme et reconstituer la paroi de l’artère.
Quelle leçon tirer de cette histoire ? En 1899, Félix Faure, alors président de la République française, est saisi d’une « congestion cérébrale » – on parlerait aujourd’hui d’AVC – alors qu’il reçoit sa maîtresse à l'Élysée. Il mourra quelques heures plus tard d’avoir, comme l’écrit joliment un quotidien de l’époque, « trop sacrifié à Vénus ». Il y a des sacrifices qui en valent la peine.