Le rapport annuel de l’OEDT (Observatoire européen des drogues et des toxicomanies) est tombé. Le panorama des consommations de drogues qu’il livre n’est pas des plus réjouissants. Premier constat : l’usage de cannabis poursuit sa hausse, avec des concentrations en THC (tétrahydrocannabinol) toujours plus fortes.
1 % de fumeurs quotidiens
Le cannabis reste ainsi la drogue la plus consommée en Europe (51,4 millions d'hommes et 32,4 millions de femmes y ont goûté au moins une fois). La substance représente également les trois quart des saisies de drogue en Europe (50 % pour l'herbe et 24 % pour la résine), très loin devant la cocaïne et le crack (9 %), les amphétamines (5 %), l'héroïne (4 %), l'ecstasy (2 %).
L'observatoire estime qu’environ 1 % des adultes européens consomment quotidiennement du cannabis. Dans les produits, les teneurs en THC oscillent entre 8 et 12 % pour l’herbe, et vont jusqu’à 18 % pour la résine. Des taux historiquement élevés, notent les rapporteurs, qui soupçonnent « une hausse peut-être due à l'émergence de techniques de production intensive en Europe et, plus récemment, à l'introduction de plants à forte teneur en principe actif au Maroc ».
Renouveau de l’ecstasy
Mais le cannabis n’est pas la seule drogue dont le succès ne se dément pas. L’ecstasy, qui avait quelque peu disparu du paysage des consommations massives, semble ressurgir ; « tant auprès des consommateurs de stimulants classiques qu'auprès d'une nouvelle génération de jeunes usagers ».
Les conditionnements de la MDMA (principe actif de l’ectsasy) ont évolué, avec des formats divers qui attirent un nouveau public. « Des poudres, cristaux et comprimés fortement dosés, avec toute une série de logos, de couleurs et de formes, sont disponibles, de même qu'une production à la commande et un recours à un marketing sophistiqué et ciblé ».
Un marché à 24 milliards d’euros
Au total, plus de 88 millions d'adultes, soit plus d'un quart des personnes âgées de 15 à 64 ans dans l'Union européenne, ont déjà consommé des drogues illicites. Sur le marché des stimulants, des disparités régionales sont observées. Ainsi, la consommation de cocaïne est plus élevée dans les pays d'Europe de l'Ouest et du Sud, tandis que les amphétamines sont plus présentes au nord et à l'est. Tous ces produits ont vu une amélioration de leur pureté, à prix stables.
Le marché des drogues illicites dans l'UE est estimé à 24,3 milliards d'euros en 2013. Avec 38 %, le cannabis (importé ou produit localement) représente la plus grande part de ce marché et sa production est devenue « un générateur de revenus majeur pour la criminalité organisée », selon l'OEDT. Viennent ensuite l'héroïne (28 %), la cocaïne (24 %), les amphétamines (8 %) et l'ecstasy (3 %).
Jeunes « cobayes »
Enfin, l’OEDT alerte sur les Nouveaux Produits de Synthèse (NPS), disponibles sur Internet – notamment sur le Darknet. « Le potentiel d'expansion de l'offre de drogue en ligne semble considérable », soulignent les auteurs, qui mettent en garde : « les jeunes consommateurs peuvent, à leur insu, servir de cobayes humains pour des substances dont les risques potentiels pour la santé sont dans une large mesure inconnus ». En 2015 tout comme en 2014, une centaine de nouvelles substances ont été recensées.
Enfin, les overdoses liées aux drogues augmentent, selon ces données. Au moins 6800 décès sont à déplorer au sein de l’UE, principalement associés à l'héroïne, avec des hausses « préoccupantes » en Irlande, Lituanie, Suède et au Royaume-Uni.
« L'Europe est confrontée à des problèmes de drogue de plus en plus importants. L'offre et la demande de nouvelles substances psychoactives, de stimulants, d'héroïne et d'autres opiacés continuent d'augmenter, ce qui a des conséquences majeures en termes de santé publique », concluent les auteurs.