Face aux virus Zika, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) prône l’abstinence. Bien que le moustique Aedes soit le principal vecteur de la maladie, l’agence internationale rappelle que la transmission du virus lors de rapports sexuels est avérée et participe à la propagation de Zika. « Cette éventualité est préoccupante en raison du lien entre l’infection par le virus Zika et des complications potentielles, notamment la microcéphalie et le syndrome de Guillain-Barré », souligne l’OMS dans un rapport provisoire présenté ce mardi.
Pour les personnes vivant dans les régions touchées par l'épidémie, l’agence onusienne recommande que les hommes et femmes infectées par Zika, et qui présentent des symptômes de l’infection (éruptions cutanées, fièvre, douleurs articulaires et musculaires, conjonctivites) et leurs partenaires reçoivent des préservatifs « dans la mesure du possible ». Par précaution, les partenaires sexuels de femme enceintes vivant ou revenant de zones de circulation du virus devraient s’abstenir tout au long de la grossesse.
De 2 à 6 mois d'abstinence
Du côté des voyageurs de retour des zones de circulation du virus Zika, l’OMS conseille « vivement » aux couples ou aux femmes qui souhaitent avoir un enfant d’attendre non plus 4, mais au moins 8 semaines avant d’essayer de concevoir. Si l’homme présente des symptômes, l’abstinence ou l’utilisation de préservatifs devrait durer au moins 6 mois. Ces mêmes délais s’appliquent aux hommes et femmes ne souhaitant pas avoir d’enfant, précise l’agence.
L’OMS a choisi de rendre des recommandations plus strictes car personne ne sait, à ce stade, combien de temps le virus Zika persiste dans les fluides corporels. Chez un homme de 68 ans, le virus a été détecté dans le sperme 62 jours après l’infection. Un record. En outre, « les patients asymptomatiques sont probablement aussi contagieux que les patients symptomatiques et la durée d’excrétion du virus dans le sperme peut être de plusieurs semaines (au moins 41 jours) », relèvent le Pr Eric Caumes et le Pr Daniel Camus, membres du Comité des maladies liées aux voyages et des maladies d’importation au Haut Conseil à la Santé Publique, dans un éditorial publié ce mercredi dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
Depuis mai 2015, le virus Zika s’est répandu dans une soixantaine de pays grâce à son vecteur le moustique Aedes. A l’instar des pays tempérés, la France pourrait ne pas être épargnée puisque l’insecte est présent dans 30 départements. Pour l’heure, le mauvais temps maintient les moustiques inactifs et réduit ainsi les risques de transmission. Une protection qui pourrait prendre fin avec l’arrivée des beaux jours. Dès lors, « on peut légitimement craindre que cette double modalité de transmission, vectorielle et sexuelle, confère à cette maladie un potentiel épidémique que nous ne pouvons pas encore apprécier », estiment les experts français.