Le marché des transferts aussi appelé "mercato" désigne la période pendant laquelle les clubs professionnels sont autorisés à transférer ou à prêter leurs joueurs dans d'autres clubs. Connue notamment dans le monde du football, cette expression dépasse désormais largement les frontières du sport. Et il ne s'agit non pas de la planète audiovisuelle mais de celle des médecins. Sur fond de désert médical, deux villages de la région Midi-Pyrénées s'affrontent.
Cette querelle de clochers se focalise autour d'un personne, le Dr Luminita Néchita, médecin roumain, établie à Castelnau-Rivière-basse (Hautes-Pyrénées) depuis le 7 février dernier. Mais faute de patients dans cette commune, la praticienne s'est finalement installée à 37 kilomètres de là, à Montesquiou (Gers), six semaines après son arrivée dans le premier village. Ce déménagement signe le début des hostilités entre les deux villages.
Les aides à l'installation n'auront pas suffi
Pour comprendre la colère des habitants de Castelnau, il faut rappeler que ce sont le maire et la pharmacienne du village qui avaient trouvé (en Roumanie) puis recruté le Dr Néchita pour remplacer le médecin local, sur le point de partir à a la retraite. D'après Ouest-France, la commune avait alors facilité cette installation, en proposant à la professionnelle un logement gratuit, une exonération de bail et un travail partiel garanti à la maison de retraite en appui.
La guerre des communiqués
France 3 Midi-Pyrénées explique ainsi qu'à Castelnau, les autorités accusent désormais (par communiqué) le déserts médical de Montesquiou d'avoir « fait miroiter des avantages fiscaux et autres » à la médecin. Mise en cause, l'autre commune a riposté en répondant que « conformément à la loi, les médecins sont libres de s'installer où bon leur semble » et que si un logement a bien été proposé à Luminata Néchita, cette dernière « s'est refusée à accepter ».
En 2015, l'Ordre des Médecins recensait 192 déserts médicaux dans lesquels vivent près de 2,5 millions de personnes.
Pour rappel, l’Assurance maladie projette de verser une allocation de 50 000 euros aux médecins qui s’installent dans les territoires sous-dotés.
Les deux pactes de Marisol Touraine
Durant le quinquennat de François Hollande, de véritables plans anti-déserts médicaux ont été lancés. Présenté fin 2015 par Marisol Touraine, on peut citer le « Pacte Territoire Santé 2 » qui comprend notamment le développement des stages en cabinet de ville. Jusqu'alors réservés aux étudiants en médecine générale, ils seront désormais ouverts aux étudiants d'autres spécialités comme l'ophtalmologie ou la pédiatrie. Par ailleurs, le numerus clausus en vigueur dans les facultés de médecine sera augmenté de 131 étudiants (hausse de 6,4 %) au profit des universités situées dans dix régions manquant de médecins.
De plus, 200 nouveaux Contrats d’Engagement de Service Public (CESP) vont être mis en place d’ici à 2017 : ils permettront à un étudiant de percevoir une aide financière (1 200 euros par mois) en échange d’un engagement pour son installation en zone de pénurie. Dans la même veine, le plan prévoit une montée en puissance des contrats de Praticien Territorial de Médecine Générale (PTMG). Le but fixé par Marisol Touraine est la signature de 1 000 de ces contrats en 2017, soit 50 % de plus que prévu actuellement.
Ces contrats intégreront désormais la prise en charge d’un congé paternité et des arrêts maladie. Ce dispositif offre déjà aux jeunes médecins généralistes une garantie financière de revenus. Il est maintenant accessible aux spécialistes. Dernières mesures annoncées, la création de 200 maisons ou centres de santé supplémentaires, ou encore des expérimentations de télémédecine en ville en 2016 dans neuf régions, au profit des maisons de retraite et de santé.