La Commission européenne décide finalement de jouer la montre sur le dossier du glyphosate. Après deux revers, elle revient avec une troisième proposition, selon son Commissaire chargé de la Santé et de la Sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaitis. S'il affirme vouloir recueillir « le plus large soutien possible des Etats membres » la méthode, elle, pourrait crisper : un comité d'experts sera réuni le 6 juin pour une prolongation temporaire de l'autorisation du désherbant.
Dissiper les doutes
L'autorisation de mise sur le marché du glyphosate - inventé par le géant américain Monsanto - expire au 31 juin. Si elle n'est pas renouvelée, tous les produits phytopharmaceutiques qui en contiennent, dont le Roundup, devront être retirés des magasins. Cette perspective n'est visiblement pas pour plaire à la Commission européenne.
Ce 1er juin, elle a annoncé sa proposition pour laisser une dernière chance à l'herbicide controversé : une prolongation de son autorisation jusqu'à l'avis de l'Agence européenne des produits chimiques (ECHA), attendu sous un à deux ans.
Cette solution, le président de Générations Futures François Veillerette l'avait anticipée lors du second rejet de l'autorisation. « La Commission peut décider de jouer la montre, ou même de faire une prolongation technique avec cet objectif en tête », expliquait-il alors à Pourquoidocteur. Pour le commissaire européen en charge de la santé, l'avis de l'ECHA devrait « dissiper les doutes » sur le glyphosate. Il devra en convaincre les membres du comité d'experts.
La France dit non
Mais Vytenis Andriukaitis a aussi joué la carte de la pédagogie. Il a rappelé qu’une autorisation à l’échelle européenne n’est pas contraignante. Les pays qui s’y opposent – dont la France – ne seront donc pas obligés de l’appliquer si elle est adoptée. Car le débat est réel autour du glyphosate et de nombreux pays ne voient pas d'un bon oeil le prolongement de son autorisation.
Marisol Touraine, ministre de la Santé, l'a d'ailleurs rappelé : si une telle décision est adoptée, la France ne l'appliquera pas. « Indépendamment des débats sur le caractère cancérigène ou non du glyphosate, nous considérons, et les études nous nous disposons le montrent, que c'est un perturbateur endocrinien », a-t-elle souligné.