« En France, 1000 personnes dont sept enfants sont confrontés chaque jour au diagnostic d’un cancer (…). La moitié des malades guérit toutefois de sa pathologie. ». C’est en rappelant ces données que Norbert Ifrah, pressenti à la présidence de l’Inca (Institut National du Cancer), a entamé son audition ce mercredi devant la commission des Affaires sociales de l’Assemblée Nationale.
L’occasion pour ce professeur d’hématologie de développer sa vision de la lutte contre le cancer, d’évoquer les axes qu’il juge prioritaires. D’exprimer, également, les inquiétudes qui pèsent autour de l’accès aux médicaments innovants contre le cancer, dont les prix flambent.
"La fin d'un modèle"
« Nous sommes arrivés à la fin d'un modèle. Nous avons de l'admiration pour les médicaments modernes qui révolutionnent la thérapeutique mais la méthode de fixation des prix n'est pas soutenable, il faut revenir en discussion », a-t-il martelé, en appelant « tous les acteurs » à se réunir pour entamer cette réflexion.
Le cancer constitue le deuxième poste de dépenses de l’Assurance maladie, derrière les maladies psychiatriques et au même plan que les maladies cardiovasculaires. Le budget s’élève actuellement à 15 milliards d’euros, et déjà, de « fortes tensions » se font ressentir sur ce poste.
« Cela risque de conduire à une hiérarchisation des objectifs qui ne sera pas indolore », a prévenu Norbert Ifrah, par ailleurs signataire de l'appel des 110 cancérologues contre le coût des nouveaux traitements, en mars dernier.
Les dépenses mondiales explosent
Ces déclarations font écho à un rapport publié ce jeudi par la société de données IMS Health Holdings, à l’occasion de l’Asco (congrès annuel de l'association américaine d'oncologie clinique), grand-messe de la cancérologie. Ses auteurs ont calculé que les dépenses relatives au traitement du cancer à travers le monde dépasseront les 150 milliards de dollars (133 milliards d'euros) en 2020, si la situation reste la même.
Cela correspond à un taux annuel de croissance de 7,5 % à 10,5 % des traitements de lutte contre le cancer. L'an dernier, IMS prévoyait un taux de croissance de 6 % à 8 % jusqu'en 2018.
Ces chiffres sont basés sur les prix officiels des médicaments, hors rabais et autres remises. Ils comprennent également les thérapies de soutien qui traitent des effets secondaires comme la nausée et l'anémie, associés par exemple aux chimiothérapies.
L'an dernier, les dépenses mondiales de traitements oncologiques se sont élevées à 107 milliards de dollars, soit une hausse de 11,5 % par rapport à 2014 (à comparer aux 90 milliards de dollars en 2011). Environ 70 nouveaux traitements du cancer pour plus de 20 types de tumeurs différentes ont fait leur entrée sur le marché ces cinq dernières années, précise IMS.