Pour gravir le Mont-Blanc, mieux vaut ne pas avoir peur d’affronter l’altitude, le froid, la neige et la glace. Si une bonne préparation est indispensable, plus d’un alpiniste sur 3 choisit de s’aider un peu avec des produits dopants, révèle une étude française publiée ce jeudi dans la revue Plos One.
Le « toit de l’Europe occidentale », perché à 4 808 m, est l’un des sommets les plus difficiles à escalader. Impressionnés, les alpinistes amateurs auraient recours à des médicaments pour booster leurs performances. Enfin, selon les rumeurs qui circulent dans la vallée. Après en avoir eu vent, le Pr Paul Robach, chercheur en physiologie à l’Ecole nationale de ski et d’alpinisme (ENSA) de Chamonix, et guide de haute montagne a voulu en avoir le cœur net.
Avec son équipe, il a alors installé des urinoirs dernier cri dans 9 refuges du Goûter (3 845 m) et des Cosmiques (3 615 m) capables de prélever les mictions des hommes venus pour la nuit. De juin à septembre 2013, des affichettes placardées aux portes des toilettes prévenaient les grimpeurs que leurs urines étaient « susceptibles d’être prélevées de manière aléatoire ».
Diurétiques, hypnotiques, corticoïdes...
Au total, plus de 430 prélèvements ont été analysés, à titre gratuit, par l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) et le laboratoire anti-dopage de Rome. Résultat : au moins un médicament est retrouvé dans 35,8 % des échantillons. Les diurétiques comme l’acétazolamide prescrit pour lutter contre le mal des montagnes, et les somnifères sont les médicaments les plus appréciés par les alpinistes. Viennent ensuite les corticoïdes et les produits stimulants.
Au vu de leur prise médicamenteuse, les candidats au sommet du Mont-Blanc ne veulent pas se transformer en athlète de compétition. En effet, les molécules détectées visent plutôt à prévenir le mal des montagnes qu’à améliorer leurs performances physiques. Reste que ces traitements ne sont pas sans conséquences, particulièrement les hypnotiques susceptibles d’altérer la vigilance et favoriser la somnolence.
Les chercheurs français pointent également l’utilisation simultanée de plusieurs médicaments, retrouvés dans 33 échantillons. Le cocktail diurétique-hypnotique n’est en effet pas conseillé en montagne. De même, une consommation importante de diurétique peut mener à une déshydratation sévère. Pour le Pr Paul Robach, ces traitements représentent « une béquille médicamenteuse pas forcément saine » dont les alpinistes pourraient se passer.