Un vaccin contre le cancer : voilà le « Saint Graal » de la médecine, à en croire certains. Leur quête trouvera sans doute plus de succès que celle des Chevaliers de la Table Ronde. Elle est encore loin de toucher à sa fin, mais une étude dans Nature donne une lueur d’espoir. Un vaccin a été administré, avec succès, à trois patients atteints de mélanome malin.
Former le système immunitaire
En temps normal, « les cellules cancéreuses sont similaires aux cellules saines en de nombreux points, le système immunitaire évite donc de les attaquer », expliquent Jolanda de Vries et Carl Figdor dans un commentaire associé. Le vaccin, développé par l’université Johannes-Gutenberg de Mayence (Allemagne), fonctionne comme une immunothérapie. Concrètement, les chercheurs ont extrait des fragments d'acide ribonucléique (RNA) de cellules cancéreuses et les ont intégrés à des nanoparticules de manière à ce qu’ils ressemblent à des virus ou des bactéries. Le système immunitaire est ainsi capable de les reconnaître.
Plusieurs séries de tests ont été réalisées sur des souris, avec différentes parties du RNA, afin de déterminer laquelle permet d’agir sur le système immunitaire. Pour cela, les chercheurs ont marqué les cellules à l’aide d’une substance phosphorescente.
Un état grippal
Dès 20 jours, les tumeurs ont commencé à reculer chez les souris traitées par le vaccin. Au bout d’un mois, elles étaient toutes en rémission alors que les autres étaient mortes. Grâce à ces résultats convaincants et stables chez l’animal, les chercheurs ont pu passer aux essais chez l’homme. Ils ont recruté trois patients atteints de mélanome malin, qui ont reçu une première dose, faible, puis quatre doses hebdomadaires plus élevées.
Les trois personnes ont répondu au traitement en produisant des lymphocytes T, qui ciblent les cellules cancéreuses, et des interférons alfa. La réaction de l’organisme est donc similaire à ce qui se produit lors d’une infection bactérienne ou virale. De fait, les effets secondaires étaient principalement semblables à un état grippal.
Un vaccin universel ?
L’objectif principal n’était pas de combattre le cancer. Mais chez un patient, la tumeur a reculé après la vaccination. Le deuxième, opéré avant l’injection, était toujours en rémission sept mois plus tard. Le dernier participant, qui portait huit tumeurs et une métastase aux poumons, n’a plus connu de croissance après le traitement.
L’avantage de cette approche, avancent les auteurs, c’est que le vaccin est « rapide et peu coûteux à produire ». « Virtuellement, n’importe quelle tumeur peut être encodée par le RNA », ajoutent-ils. L’idée d’un vaccin universel semble donc à portée de main. Mais de nombreuses années de travaux complémentaires seront nécessaires avant d’y parvenir.