Avec 850 000 personnes malades et une projection démographique annonçant 1,3 million d’individus touchés en 2020, la maladie d’Alzheimer apparaît comme l’un des principaux enjeux nationaux de santé publique. Pourtant, l'association France Alzheimer s'inquiète des décisions politiques à venir.
En effet, dans un communiqué publié ce lundi, ces bénévoles rappellent que la Haute Autorité de Santé (HAS) réévalue actuellement le « service médical rendu » (SMR), en d’autres termes, l’efficacité des quatre médicaments anti-Alzheimer actuellement sur le marché.
Mais quatre ans après la dernière déclassification de ces molécules (1), l’institution sanitaire pourrait, cette fois-ci, déclarer leur SMR « insuffisant », pressent l'association. Un choix qui pourrait tout simplement provoquer leur déremboursement total (2), s'alarme-t-elle.
Des effets négatifs sur la prise en charge
Selon elle, tout s’oppose aujourd’hui à une telle décision jugée « risquée et injustifiée » par de nombreux acteurs de la prise en charge. L’association de familles s’inscrit dans la droite lignée des propos tenus récemment par le Pr Mathieu Ceccaldi, président de la Fédération Nationale des Centres mémoire de ressources et de recherches (CMRR).
Le neurologue indiquait dans les colonnes du Quotidien du Médecin qu’il serait « prématuré de tout arrêter. En arrêtant ces traitements, on court le risque d’accentuer une démédicalisation, qui aura aussi un effet négatif sur la prise en charge globale ».
Sans pour autant crier au loup, France Alzheimer entend donc aujourd’hui « prévenir ».
Inciter au diagnostic précoce
L'association écrit à ce titre que les médicaments anti-Alzheimer constituent actuellement « une réponse thérapeutique pertinente pour de nombreuses personnes malades ». « Sans aucun traitement médicamenteux spécifique, l’intérêt du diagnostic, aux yeux des familles et de certains professionnels de santé, pourrait apparaitre secondaire. Le parcours diagnostic serait alors moins balisé pour le public alors que qu’il est la clé de voute d’une prise en soin adaptée et efficace », poursuit-elle.
De plus, l'association estime que même si leur impact sur les troubles cognitifs semble limité, « les médicaments peuvent améliorer les troubles du comportement de certaines personnes malades », juge-t-elle.
Enfin, à ceux qui trouvent des vertus économiques à cette éventuelle décision, France Alzheimer rappelle que le déremboursement total aurait une incidence économique limitée sur les finances de la Sécurité sociale « puisque les quatre molécules sont toutes génériquées depuis 2016 ».
Les conclusions des services de la HAS sont attendues pour courant juin.
(1) En 2011, le service médical rendu (SMR) des ces médicaments est passé d’ « important » à « mineur ». Le remboursement est ainsi passé de 65 % à 15 %.
(2) Sauf pour les personnes malades diagnostiquées qui bénéficient d’un remboursement à 100 % au titre de l’ALD 15. Elles représentent moins de 50 % des personnes malades