Du trouble bipolaire à l’autisme. Une étude française, financée grâce aux dons du Téléthon, a permis de définir une nouvelle cible dans les troubles autistiques d’origine génétique. Les sels de lithium, indiqués chez les patients bipolaires, pourraient s’avérer utiles pour de jeunes autistes présentant une déficience génétique. Les résultats des travaux, préliminaires mais prometteurs, sont publiés dans la revue Ebiomedicine.
2 molécules sur 202 testées
Les sels de lithium, si ces résultats sont confirmés, ne s’adresseraient pas à tous les patients autistes mais à une infime partie de la population présentant ce trouble du développement, 1 à 2 %. Ces personnes ont la particularité de souffrir d’une déficience du gène SHANK3, ce qui provoque une perte de la protéine du même nom. Les conséquences principales sont des atteintes au niveau des synapses, qui forment les connexions entre les neurones.
Avant de découvrir l’utilité du lithium, les chercheurs ont réalisé un criblage à haut débit. Cette technique consiste à étudier et identifier une molécule utile parmi une large banque. Le terme « haut débit » désigne une manière d’accélérer le processus par l’utilisation d’outils robotiques, informatiques ou bio-informatiques.
Ici, 202 composés ont été passés en revue. Deux ont livré des résultats intéressants : l’acide valproïque, connu pour ses effets antiépileptiques, et le lithium, qui est un régulateur de l’humeur.
Une patiente s’améliore
Les deux molécules ont été testées sur des cellules neuronales créées à partir de cellules pluripotentes. L’acide valproïque et le lithium ont permis de rétablir la protéine SHANK3 à des niveaux corrects, et donc d’améliorer le fonctionnement des cellules neuronales. L’expérience a été reproduite chez une patiente chez qui le lithium a démontré son efficacité lors de tests in vitro sur ses propres neurones.
Le traitement a duré un an. A son terme, les chercheurs ont observé une diminution du degré de sévérité de l’autisme. Ainsi, au bout de 8 mois la patiente a vu ses symptômes maniaques reculer et ses performances cognitives s’améliorer. Après 12 mois, son comportement d’adaptation s’est amélioré.
Ces résultats sont prometteurs, encore faut-il qu’ils soient confirmés auprès de plus larges populations. L’équipe a prévu de réaliser des études dans des groupes de patients autistes comparant le lithium et un placebo. Mais la population ciblée est minime : l’origine génétique concerne 10 à 30 % des patients autistes.