"Qui peut le plus peut le moins". Dans la vie, les règles ne s'appliquent pas toujours . C'est en tout ça que pensent les spécialistes de la maternité au sujet de l'accouchement. Réunis au sein du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNOF), ces médecins ont toujours défendu le principe du meilleur niveau de sécurité lors d'un accouchement. Regroupement des maternités, hierarchisation en fonction des niveaux de sécurité, prise en charge du haut risque obstétrical, la santé de la mère et de l'enfant a toujours servi de fil rouge à leur réflexion.
Au point de sous-estimer parfois la demande croissante des futures mamans de démédicaliser l'accouchement pour retrouver le plaisir de la mise au monde de leur enfant. Surtout lorsqu'il s'agit d'un accouchement normal.
Mais le CNOG le reconnaît aujourd'hui publiquement, « les facilités offertes par un plateau technique organisé pour faire face aux pathologies graves, voire gravissimes, conduit à en faire usage dans des situations qui le justifient moins ». Cela conduit, admet le Collège, à une « frustration de certaines patientes qui estiment qu'elles auraient peut-être pu accoucher plus simplement ». Qui peut le plus ne peut pas forcément le moins !
Et en 2008, le CNGOG a donné un avis défavorable à la proposition d'expérimentation de maisons de naissance. Conçus pour permettre à la femme de se réapproprier son accouchement dans un cadre moins médical et plus humain, ces lieux défendent l'idée de l'acte physiologique. Ce mouvement s'est amplifié au point que certaines représentantes soutiennent l'idée d'un accouchement hors de toute prise en charge médicale.
Ce risque de dérive a poussé le Collège à revoir sa position sur ces "espaces physiologiques". Ce « lieu spéficique aménagé en dehors du plateau technique médical mais à proximité immédiate proposerait « une prise en charge par des sages-femmes dans les limites de leurs compétennces reconnues ».
En clair, les spécialistes ouvrent la porte des maisons de naissance à condition qu'elles soient à côté du service proposant un plateau technique et des compétences médicales adéquates pour prendre en charge une pathologie obstétricale. Si quelques infrastructures de cette nature existent déjà en France, le Collège admet que « de nombreux accouchements pourraient bénéficier d'une prise en charge simplifiée ». Avec pour « seuls objectifs, conclut le CNOG, «le bien être de la patiente et de son nouveau-né et le respect absolu de la sécurité » .